Le géant américain des produits d'hygiène et cosmétiques Procter & Gamble a annoncé vendredi un bénéfice meilleur que prévu au troisième trimestre grâce à des baisses de coûts, et ses dirigeants ont nié mener une guerre des prix dans les shampoings.

Le bénéfice net part du groupe s'affiche en hausse de 8 % à 3,0 milliards de dollars. Par action et hors éléments exceptionnels, il ressort à 1,14 dollar, bien mieux qu'attendu.

Le chiffre d'affaires a progressé de 2 % sur un an, à 21,2 milliards de dollars, également supérieur aux prévisions de Wall Street.

La hausse des résultats a été obtenue par des mesures agressives de baisse de coûts qui vont se poursuivre. «Il n'y a jamais assez d'économies», sauf quand cela commence à nuire «aux capacités de croissance», a affirmé le directeur financier Jon Moeller lors d'une conférence d'analystes.

«Je ne vais pas spéculer sur le montant final des économies cette année, mais (...) nous dépassons généralement nos objectifs», a-t-il ajouté, rappelant que le groupe en avait réalisé pour 1,2 milliard de dollars l'an dernier et déjà pour 1,4 milliard pour les 9 premiers mois de 2013.

Les mesures actuelles en ce sens visent notamment la chaîne d'approvisionnement en Europe et aux États-Unis, a-t-il noté.

Le directeur financier de P&G a par ailleurs nié mener une guerre des prix aux États-Unis comme son rival Unilever l'en a accusé à mi-mots la veille, sans le citer directement, pour justifier ses propres résultats, mitigés.

Le patron d'Unilever Paulus Gerardus Paulman a affirmé jeudi qu'«aux États-Unis les soins d'hygiène personnelle (font l'objet) de mesures promotionnelles intenses, particulièrement dans les déodorants et les shampoings».

«L'un de nos concurrents a décidé d'augmenter sa part de marché à un coût énorme» en termes de promotions, a-t-il ajouté.

Les promotions sur les shampoings montrées du doigt

M. Moeller a nié que P&G ait intensifié ses promotions et a expliqué que sabrer dans les prix n'était pas une stratégie.

«Nous préférons investir nos dollars en innovation ou en investissements (...) que dans des promotions ou rabais (...) dont les résultats ne sont généralement pas durables», a-t-il argumenté.

Il a assuré que le niveau des promotions du groupe dans les produits capillaires n'était «pas en hausse» et que, «si les promotions sont importantes et nous voulons être compétitifs sur ce point, ce n'est pas un domaine où nous voulons être les moteurs du secteur».

Le groupe a maintenu ses prévisions de résultats inchangées pour le restant de l'année. Il table sur des ventes en hausse de 1 à 2 % et sur un bénéfice par action hors éléments exceptionnels en hausse de 5 à 7 %.

«Nous avons une bonne dynamique de part de marché, nombre d'innovations solides qui arriveront sur le marché à la fin de l'année, et des initiatives d'économies de coûts grâce à un effort de productivité», a commenté le PDG A.G. Laffey.

Côté produits, les ventes ont été tirées par les bébés et l'hygiène féminine, suivis par les produits nettoyants pour la maison et les lessives.

À l'inverse, les recettes de produits de beauté, de rasage ou de santé ont reculé.

En termes géographiques, «notre unité la plus solide et notre positionnement le plus fort restent les États-Unis, et nous devons nous assurer que notre marché intérieur reste fort et en croissance».

Même si elle pèse moins dans le total du chiffre d'affaires, la croissance des ventes reste toutefois tirée par les pays émergents (+8 %). Elle a cependant «un peu ralenti» comparé à la même période l'an dernier, mais elle est toujours «très attractive», a noté M. Moeller.

Il a particulièrement cité le Brésil et l'Inde où les ventes à périmètre comparable se sont envolées de 17 %. En Chine la part de marché est «stable», mais le pays «va rester une source importante de croissance pour nous», a détaillé M. Moeller.

En Amérique du Sud, l'environnement reste «volatil», entre «des restrictions à l'importation et un contrôle des prix en Argentine» d'une part, et «un contrôle sur les prix et l'accès aux dollars et des risques de dévaluation au Venezuela» d'autre part.

P&G continue par ailleurs à «se retirer des marchés» où il juge son potentiel insuffisant.