L'épicier Metro (T.MRU) riposte aux récentes acquisitions dans le secteur des pharmacies grâce à un partenariat avec Target qui se traduira par l'implantation de son enseigne Brunet dans les magasins du détaillant américain au Québec.

Le géant québécois du commerce de détail en a fait l'annonce, hier, en dévoilant ses résultats du troisième trimestre. Vingt-cinq succursales de Target doivent ouvrir leurs portes au Québec dès l'automne et, à compter du printemps 2014, 18 pharmacies Brunet commenceront à offrir leurs services dans ces magasins.

McMahon Distributeurs pharmaceutiques, filiale de Metro et franchiseur de l'enseigne Brunet, conclura des ententes avec les pharmaciens propriétaires qui détiendront et exploiteront les pharmacies situées dans les magasins Target.

Les pharmacies en magasin offriront les produits des marques exclusives de Target, en plus de médicaments d'ordonnance, de produits pharmaceutiques et de services de consultation.

Les dirigeants de Metro n'ont cependant pas confirmé si les pharmacies Brunet seraient présentes dans les sept autres magasins Target qui doivent ouvrir leurs portes dans la province.

Ce partenariat survient un mois après que Loblaw eut annoncé son intention d'acquérir Shoppers Drug Mart, qui exploite les Pharmaprix au Québec, pour 12,4 milliards, et deux mois après que Sobey's, derrière l'enseigne IGA, eut annoncé son rachat de Safeway Canada.

Metro voulait ainsi accentuer sa présence dans le secteur pharmaceutique, a expliqué son président et chef de la direction, Eric Richer La Flèche, à l'occasion d'une conférence téléphonique.

«Nous avons des plans pour ce secteur, a-t-il affirmé. Nous avions déjà dit dans le passé que nous étions intéressés, surtout dans la province de Québec.»

M. Richer La Flèche ne s'est pas caché lorsqu'il a été questionné pour savoir si le géant québécois du commerce de détail pourrait bouger de nouveau dans le secteur des pharmacies. «Si une occasion se présente, c'est certain que nous serons intéressés et attentifs», a-t-il dit.

Résultats

Quant aux résultats financiers, le bénéfice net de Metro au troisième trimestre s'est établi à 149,8 millions, comparativement à 144,4 millions pour le trimestre correspondant de 2012. Il s'agit d'une augmentation de 3,7%.

Le bénéfice net par action a été de 1,55$ pour le trimestre clos le 6 juillet, par rapport à 1,43$ l'an dernier, en hausse de 8,4%.

Les ventes de l'épicier ont glissé de 0,7% à 3,57 milliards, après s'être chiffrées à 3,6 milliards l'an dernier.

Le bénéfice ajusté des activités poursuivies s'est chiffré à 1,55$ par action, comparativement à 1,46$ par action pour la même période l'an dernier.

Les résultats du troisième trimestre se sont avérés conformes aux estimations des analystes interrogés par Thomson Reuters.

Le programme de rachat d'actions de Metro, qui se termine le 9 septembre, devrait également être renouvelé, selon l'entreprise.

L'action de Metro a cédé hier 2,65$, soit 3,7%, pour s'échanger à 69,30$ à la Bourse de Toronto.

Réorganisation ontarienne

Par ailleurs, Metro a également annoncé qu'il comptait réorganiser en profondeur ses activités en Ontario, une décision qui devrait entraîner des frais estimés à 40 millions au cours du prochain trimestre.

Certains supermarchés Metro devraient notamment être convertis en enseignes Food Basics. Des rachats de conventions collectives, des offres de préretraite à certains employés et la fermeture de quelques magasins sont aussi à prévoir.

Selon le détaillant, de un à trois établissements pourraient être appelés à fermer leurs portes. Le PDG de Metro a évoqué la féroce concurrence en Ontario pour expliquer cette réorganisation.

Un tel scénario ne semble toutefois pas dans les plans de l'entreprise au Québec. «Nous sommes en bonne position [au Québec] et satisfaits de notre performance, a indiqué M. Richer La Flèche. L'impact de la concurrence est là, mais nous avons confiance dans nos possibilités de continuer à croître.»

Il a notamment fait allusion à l'ouverture des Supercentres Walmart en sol québécois, qui offrent une épicerie complète en plus de la marchandise normalement vendue dans les Walmart.

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Les réponses de Metro

Q Votre enseigne de pharmacies Brunet entre chez Target. Mais c'est votre concurrent Sobeys (IGA) qui l'approvisionnera en aliments. Est-ce que cela provoque une situation inconfortable ou délicate ?

R Pas du tout.

Q Est-ce que vous avez tenté d'obtenir le contrat d'approvisionnement en aliments de Target ?

R Non, car nous n'avons pas d'entrepôts à l'extérieur de l'Ontario et du Québec. Ç'aurait donc été difficile.

Q Quel est votre intérêt à inclure des Brunet dans les Target, un géant qui vend de la nourriture et vous fait concurrence ?

R Le partenariat Brunet-Target est stratégique et représente une excellente occasion de croissance pour Metro et les pharmacies Brunet. Metro et les pharmacies Brunet augmentent par le fait même de façon importante leur présence et leur potentiel de vente au Québec, et ont une présence accrue à Montréal. L'enseigne Brunet représente le partenaire stratégique idéal pour aider Target à concrétiser son engagement à offrir des services de santé de qualité supérieure axés sur le patient.

Q Pourquoi Target a-t-il choisi Brunet plutôt qu'une autre enseigne ?

R Ce qui a plu à Target, c'est la notoriété de l'enseigne Brunet au Québec. Target a reconnu non seulement le cadre réglementaire propre au Québec, mais aussi les caractéristiques distinctives du marché québécois en ce qui concerne les habitudes de consommation (c'est-à-dire que les Québécois seraient moins portés à faire tous leurs achats au même endroit).

Q La chute de 0,9 % du chiffre d'affaires des magasins comparables est-elle attribuable à une baisse de la fréquentation, du panier moyen ou à une combinaison des deux ?

R Il y a un peu moins de visites. Par contre, le panier moyen a augmenté. Mais il y a d'autres facteurs : l'absence d'inflation en est un, l'ajout de pieds carrés alimentaires aussi. Certains articles en promotion se vendent moins cher que l'an dernier.

Q En Ontario, la conversion de supermarchés Metro en Food Basics (enseigne à escompte) est-elle une conséquence directe de la concurrence féroce des Supercentres de Walmart ?

R Non, c'est la conséquence du contexte concurrentiel en général.

* Réponses fournies par la directrice des affaires de Metro, Marie-Claude Bacon

- Propos recueillis par Marie-Eve Fournier