Le géant américain de la grande distribution Walmart a soudoyé des responsables au Mexique pour obtenir des autorisations d'ouverture pour plus d'une dizaine de supermarchés dans le pays, selon ce qu'affirme mardi le New York Times.

D'après le quotidien américain, l'ouverture de 19 magasins aurait été obtenue grâce au versement de dessous-de-table, dont une enveloppe de plus de 200 000 dollars pour la construction d'une grande surface près de célèbres ruines aztèques.

Selon le Times, la filiale mexicaine du géant américain «Wal-Mart de Mexico n'a pas été la victime réticente d'une culture de corruption qui demande des pots-de-vin comme le prix à payer pour emporter une affaire. Il n'a pas non plus versé des dessous-de-table pour accélérer l'obtention d'autorisations de routine.»

«Au contraire, Wal-Mart de Mexico s'est livré à une corruption particulièrement agressive en allant offrir de généreuses sommes d'argent pour contourner la loi,» a précisé le journal.

Ainsi, Wal-Mart de Mexico «a versé des pots-de-vin pour corrompre une gouvernance démocratique -- élections citoyennes, débats publics, procédures transparentes. Le distributeur a versé des pots-de-vin pour contourner des régulations qui protègent les citoyens mexicains de constructions dangereuses et a utilisé la corruption pour évincer des rivaux».

Selon le Times, les responsables de Walmart ne se sont pas sali les mains, mais ont eu recours à des juristes et des intermédiaires extérieurs pour distribuer des enveloppes d'argent liquide pour éviter qu'on puisse remonter à la société.

Walmart s'est débrouillé pour construire un Sam's Club dans l'un des quartiers les plus peuplés de Mexico sans permis de construire ni autorisation de circulation ou feu vert environnemental, en versant une enveloppe globale de 341.000 dollars.

Le distributeur a versé 765 000 dollars de pots-de-vin pour pouvoir construire un vaste centre de distribution au coeur d'une zone fragile au nord de la ville, ajoute le Times.

Et Walmart a versé plus de 200 000 dollars de dessous-de-table pour pouvoir construire un supermarché dans l'ancienne cité de Teotihuacan, près des célèbres pyramides à gradins.

De plus, une enveloppe de 52 000 dollars lui a permis de faire modifier un plan d'occupation des sols qui avait été approuvé par des élus locaux de la ville, et d'autres pots-de-vin lui ont permis de contourner les lois protectrices des antiquités, suscitant des protestations en 2004.

Walmart s'est défendu en précisant qu'il avait lancé une enquête il y a un an concernant d'éventuelles violations de la loi américaine sur les pratiques de corruption à l'étranger (US Foreign Corrupt Practices Act) -- interdisant la corruption -- qui n'a pas encore abouti.

«Nous nous sommes engagés dans un programme de lutte contre la corruption fort et efficace partout où nous sommes présents et à prendre les mesures nécessaires contre le non respect de ce plan», a indiqué un porte-parole de la société David Tovar dans un communiqué.

Walmart est le plus gros employeur privé au Mexique, avec 221 000 salariés dans 2275 magasins, selon le Times.