Un bon bilan de santé n'est pas une bonne raison pour relâcher la prévention.

Telle est l'ordonnance livrée par les dirigeants de Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] au cours de la présentation des résultats trimestriels, hier, à mi-chemin de son exercice 2012-2013.

D'une part, tel qu'anticipé par les analystes, la chaîne de pharmacies a produit des résultats enviables au cours de ce trimestre terminé le 1er septembre. Et ce, malgré les réductions de prix admissibles pour les médicaments génériques qui sont implantées par le gouvernement du Québec, à l'instar du voisin ontarien.

D'autre part, le président et chef de la direction, François J. Coutu, a admis que le détaillant devait prendre des mesures préventives pour contrer la «concurrence additionnelle» qui pointe à l'horizon.

«Je m'engage à ce qu'au cours des prochains mois, nous nous assurions d'être mieux préparés pour faire face à cette concurrence», a-t-il déclaré au cours d'une téléconférence d'analystes.

Sans le nommer, le grand patron de Coutu faisait allusion au sursaut de croissance au Canada des deux colosses américains des grands magasins: Walmart et Target.

À partir de cet automne et d'ici deux ans, ils ouvriront près de 200 magasins au Canada, dont une vingtaine au Québec seulement. Ces magasins remplaceront des magasins Zellers, une chaîne en voie de fermeture par le groupe torontois HBC (La Baie/The Bay).

Mais ce qui est plus préoccupant pour Coutu et ses concurrents directs, dont la chaîne Pharmaprix (Shoppers Drug Mart), c'est que Walmart et Target ont déjà annoncé leurs intentions d'ouvrir une pharmacie dans la plupart de leurs nouveaux magasins, en gestion directe ou en franchise.

Au Québec, Walmart et Target ajouteront donc d'ici quelques trimestres de nouvelles pharmacies dans les principaux marchés de la province, en des lieux déjà prisés des consommateurs avides de bas prix.

«Nous devons nous préparer à plus de concurrence», a admis François J. Coutu. Parmi ces préparatifs, a-t-il décrit, Coutu doit améliorer sa gestion d'approvisionnement parmi ses 402 pharmacies au Québec, dans l'est de l'Ontario et au Nouveau-Brunswick.

Pas de grand remue-ménage cependant. Parce que «notre stratégie d'affaires nous a encore permis (au dernier trimestre) d'afficher une progression significative de nos résultats d'exploitation malgré les réductions de prix dans les médicaments génériques», a aussi vanté le président de Coutu.

En effet, le détaillant a maintenu une croissance de 3,7% de ses revenus, à 658,7 millions de dollars, au cours du trimestre terminé le 1er septembre. Et son bénéfice d'exploitation (avant éléments spéciaux et impôt) s'est accru de 12%, à 70,1 millions.

Autres résultats importants en commerce de détail: les ventes des magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an) chez Coutu ont crû de 2,6% au cours de son plus récent trimestre par rapport à l'an dernier. Et jusqu'à 3% de plus dans le secteur plus spécifique des produits pharmaceutiques.

Pour le bénéfice net, cependant, le plus récent résultat trimestriel de Jean Coutu s'avère en recul de 22%, à 51,2 millions.

Mais c'est en tenant compte d'un profit net à pareille date l'an dernier qui était gonflé d'un gain spécial de 22 millions provenant de la revente d'actions du groupe américain des pharmacies Rite Aid.

Somme toute, de l'avis d'analystes, Jean Coutu a encore connu un «solide trimestre» qui démontre «la stabilité du modèle d'affaires en dépit des défis de croissance dans un marché mature et des embûches réglementaires», selon Irene Nattel, analyste des détaillants chez Marchés des capitaux RBC à Montréal.

Selon l'analyste Derek Dley, de Canaccord Genuity à Toronto, les récents résultats de Coutu, même avantageux, risquent d'être bouleversés au cours des prochains trimestres en raison des changements de politique des prix des médicaments génériques.

À la Bourse de Toronto, hier, l'action de Jean Coutu (cat. A) a gagné 0,3%, à 14,57$, une hausse équivalente à l'indice sectoriel des détaillants de base.

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«Je veux m'assurer au cours des prochains mois que nous soyons mieux préparés à faire face à de la concurrence additionnelle.» - François J. Coutu, président et chef de la direction, Groupe Jean Coutu

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GROUPE JEAN COUTU

DEUXIÈME TRIMESTRE 2012-2013 (terminé le 1er septembre)

Revenus: 658,7 millions (+3,7%)

Bénéfice d'exploitation (1): 70,1 millions (+12%)

Bénéfice net (1): 51,2 millions (-22%)

Bénéfice net par action (2): 23 cents (-20%)

1: Après amortissement et frais financiers.

2: Compte tenu du gain spécial de 22 millions l'an dernier lors de la revente d'actions de Rite Aid aux États-Unis

Source: Groupe Jean Coutu