Les soubresauts boursiers des dernières semaines ont donné la frousse à bon nombre de consommateurs, mais les commerçants devraient tout de même réaliser de bonnes ventes pour la rentrée scolaire, selon un sondage réalisé pour BMO Banque de Montréal. Les deux tiers des Canadiens prévoient dépenser autant, sinon davantage, que l'année dernière pour des vêtements et des fournitures scolaires.

L'enquête, menée par Léger Marketing, révèle que le tiers des Canadiens prévoient dépenser plus de 200$ pour la rentrée cette année. En moyenne, ils allongeront 319$.

«Ces résultats suggèrent que les Canadiens continueront de dépenser comme d'habitude pour des fournitures scolaires, constate Sal Guatieri, économiste principal chez BMO. Ils ne prévoient pas réduire ces dépenses de manière significative malgré les préoccupations sur l'état de l'économie mondiale, la récession aux États-Unis, ou l'endettement élevé des ménages.»

Ces prévisions ont de quoi soulager les détaillants: la période qui précède la rentrée scolaire est généralement la deuxième plus achalandée de l'année dans les commerces. Les parents prennent d'assaut boutiques et centres d'achats pour acheter des livres, des crayons, des vêtements, bref tout pour le retour à l'école.

Les craintes d'une nouvelle récession aux États-Unis et les chutes dramatiques observées dans les Bourses auraient pu inciter les consommateurs à se montrer plus avares, mais selon Sal Guatieri, les Canadiens vont dépenser malgré tout.

«Les taux d'intérêt sont à un niveau historiquement bas et la création d'emplois a été solide au Canada cette année, souligne-t-il. Ces deux facteurs domineront les perceptions négatives liées à l'état de l'économie mondiale, et inspireront les consommateurs à maintenir un niveau de dépenses normal en vue de la rentrée scolaire.»

L'effet météo

Les détaillants sollicités hier n'ont d'ailleurs pas observé une baisse majeure de leurs ventes, ces dernières semaines.

Panda, qui compte une trentaine de boutiques spécialisées dans la vente de chaussures pour enfants, réalise une part importante de son chiffre d'affaires en août et en septembre. Ses ventes pour les deux premières semaines d'août ont reculé de 5% par rapport à la même période l'an dernier. Mais la présidente de la chaîne, Linda Goulet, n'est pas inquiète pour autant. Selon elle, ce repli est lié à la météo radieuse plutôt qu'à l'incertitude économique.

«On ne sent pas que les gens cherchent des produits moins chers ou qu'ils attendent, constate Mme Goulet. Ils ne sont simplement pas venus encore.»

Les ventes de la rentrée fluctuent beaucoup en fonction de la météo, explique la femme d'affaires. Les familles vont déserter les centres d'achats lorsqu'il fait beau, et y affluer en masse lorsqu'il pleut.

Panda n'est pas la seule chaîne à avoir observé ce phénomène. Les boutiques Renaud Bray ont été prises d'assaut dimanche, tandis que la pluie s'abattait sur le sud du Québec. Elles avaient connu un samedi plutôt tranquille, alors que le soleil brillait de tous ses feux.

«Les craintes d'une récession affectent rarement les périodes comme la rentrée parce que nos clients achètent des produits essentiels. À la fin du mois d'août, c'est toujours une question de température qui va décider si les gens retardent leurs achats ou pas.»

Les pharmacies telles qu'Uniprix observent une baisse de leurs ventes liées à la rentrée depuis des années, indique le porte-parole de la chaîne, Pierre Gince. D'abord parce que le nombre d'enfants a chuté au fil des ans, ensuite parce que de plus en plus d'écoles ont mis sur pied leurs propres coopératives pour les fournitures scolaires.

«Il y a de plus en plus de coopératives auxquelles les écoles disent qu'elles veulent telle ou telle règle, du papier de telle épaisseur, le quadrillé de telle taille, bref, c'est très précis, explique M. Gince. Gérer tout cela, ça devient excessivement complexe.»

Contrairement à Noël, Saint-Valentin et Halloween, les accessoires d'école ne sont pas particulièrement rentables pour les pharmacies, poursuit M. Gince. Uniprix en offre plutôt pour fidéliser sa clientèle que pour encaisser des profits.