Un an et demi après son entrée en Bourse, Dollarama (T.DOL) a instauré jeudi un dividende trimestriel, récompensant ses actionnaires pour de solides résultats que l'entreprise compte encore améliorer.

Afin d'y parvenir, le géant canadien des magasins à rabais est à informatiser son système de gestion des stocks.

«Quand tu rentres dans nos magasins aujourd'hui, ils sont «jammés', c'est plein à craquer. Ce n'est pas normal», a reconnu le fondateur et grand patron de l'entreprise montréalaise, Larry Rossy, à l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires.

La première étape de la modernisation de Dollarama a été l'installation de lecteurs optiques dans les quelque 650 magasins de la chaîne, l'automne dernier. Le détaillant sait désormais, en temps réel, combien d'articles sont vendus dans chacune de ses succursales.

À partir de l'été prochain, Dollarama utilisera ces informations détaillées pour commander la marchandise en fonction de la demande. À l'heure actuelle, le décompte des stocks est fait manuellement par les employés aux trois semaines. Les erreurs sont fréquentes.

«On remplit beaucoup plus les magasins qu'on le devrait et on perd le contrôle, a souligné M. Rossy. (...) Avoir la bonne marchandise au bon moment, ça va avoir un impact énorme.»

Le nouveau système permettra d'accroître les ventes, d'augmenter la productivité des employés, de mieux coordonner la mise en marché de la marchandise dans les magasins et de guider les achats auprès des fournisseurs, a expliqué le chef de l'exploitation de Dollarama, Stéphane Gonthier.

«Depuis 15 ans, j'avais toujours résisté à aller dans cette direction, a raconté Larry Rossy. J'ai une tête dure! Je pensais qu'on avait une formule qui nous donnait assez de performance, sans bien apprécier l'alternative. Mais finalement, avec la croissance du nombre de magasins...»

Les dirigeants ne prévoient pas que l'informatisation se traduira par d'importants licenciements, précisant que les employés affectés au compte des stocks se verront confier d'autres tâches. Après tout, l'entreprise connaît une forte croissance, ont-ils rappelé.

Et comment. À son premier trimestre, qui a pris fin le 1er mai, Dollarama a enregistré des profits nets de 30,4 millions $ (40 cents par action), en hausse de 35,1 % par rapport aux 22,5 millions $ (30 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

Les résultats ont surpassé les attentes des analystes financiers, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 36 cents.

Les ventes ont bondi de 11 % pour atteindre 346,3 millions $, grâce principalement à l'ouverture d'une cinquantaine de nouveaux magasins au cours des 12 derniers mois.

Les ventes des magasins comparables ont crû de 3,4 %, ce qui est toutefois inférieur à la progression de 8,6 % constatée l'an dernier. Le nombre de transactions a diminué en raison des mauvaises conditions climatiques.

La marge brute s'est élevée à 35,7 % des ventes, en hausse par rapport à celle de 34,3 % inscrite il y a un an.

Le détaillant a ouvert pas moins de 15 magasins au cours du trimestre et prévoit toujours en inaugurer une cinquantaine cette année.

«Le conseil d'administration est d'avis que la situation financière saine de Dollarama et les importants flux de trésorerie qu'elle génère nous donnent la capacité et la souplesse financières pour poursuivre la mise en oeuvre de notre stratégie de croissance et continuer de rembourser l'encours de la dette» tout en versant un dividende, a affirmé M. Rossy.

Le dividende trimestriel de neuf cents par action sera payé le 3 août aux actionnaires inscrits le 29 juin. Il rapportera près de 400 000 $ par trimestre à Larry Rossy, qui détient 4,4 millions d'actions de Dollarama.

Compte tenu de la forte inflation en Chine, d'où proviennent la plupart des produits vendus chez Dollarama, et de la hausse des coûts de l'énergie, le pdg n'exclut pas que le prix maximum des articles passe de 2 $ à 3 $.

«Graduellement, ça peut aller jusque-là, mais j'aimerais rester à 2 $ aussi longtemps que possible», a-t-il dit.

M. Rossy ne craint pas, par ailleurs, l'arrivée des Supercentres de Wal-Mart au Québec, cet été, et de Target au Canada, en 2013. En fait, Dollarama cherche à s'installer près de ces poids lourds afin de profiter de l'affluence qu'ils suscitent.

Le dirigeant n'entrevoit rien qui puisse compromettre le plan d'affaires de l'entreprise à moyen terme, mais il sait que les perspectives favorables ne dureront pas éternellement.

«Il n'y a rien qui continue pour toujours, a-t-il lancé. J'ai vécu assez longtemps pour savoir ça!»

Et ne parlez pas à Larry Rossy de retraite. L'homme de 68 ans entend rester aux commandes de Dollarama tant que sa santé le lui permettra.

En fin d'après-midi, jeudi, l'action de Dollarama gagnait plus de trois % pour s'échanger à 31,94 $, à la Bourse de Toronto, atteignant un nouveau sommet en cours de séance. Depuis l'entrée en Bourse du détaillant, en octobre 2009, le titre a progressé de 64 %.