«Les détaillants québécois essaient d'être le mieux préparés que possible devant l'essor de détaillants d'origine étrangère. Mais souvent, ce n'est pas assez compte tenu de leurs moyens et de leur attrait auprès des consommateurs.»

Pour Gaston Lafleur, président du Conseil québécois du commerce de détail, les appréhensions envers l'impact de cette concurrence internationale accrue ne datent pas d'hier.

Au-delà des moments charnières, marqués par l'arrivée de géants comme Walmart et Target, c'est aussi l'essor de concurrents étrangers plus spécialisés qui est une source de défi pour les détaillants québécois.

D'autant que, ces dernières années, plusieurs de ces détaillants spécialisés ont multiplié le nombre de leurs boutiques au Canada, mais pas encore au Québec.

« Ce n'est qu'une question de temps dans certains cas. Mais entre temps, ça donne un avantage aux détaillants québécois de voir comment ces concurrents étrangers s'implantent au Canada. Ils peuvent s'ajuster en conséquence», estime M. Lafleur.

Au moins une dizaine de détaillants américains, plus que milliardaires en chiffre d'affaires, sont aux portes du marché québécois, après avoir ouvert chacun de nombreux magasins au Canada anglais.

Parmi eux, on compte un géant de la réno-décoration, Lowe's, la chaîne de magasins d'escompte Dollar Tree et le colosse du marché animalier, Pet Smart. Plusieurs détaillants vestimentaires comme Aéropostale, Gymboree et Abercrombie & Fitch, tous milliardaires, sont aussi attendus dans les centres commerciaux québécois.

Dans ce secteur, toutefois, des détaillants québécois particulièrement compétents comme les Simons, Tristan-America et Reitmans ont réussi jusqu'à maintenant à tirer leur épingle du jeu.

Dans le marché du matériel d'artiste et de bricolage, le détaillant américain Michaels, multimilliardaire, a maintenant 74 magasins au Canada mais aucun au Québec.

Pour le meneur québécois dans ce marché, le groupe Omer De Serres, il faut donc demeurer très vigilant et, surtout, capable d'innover pour se démarquer dans le marché.

«Nous connaissons Michaels depuis une quinzaine d'années et nous les prenons au sérieux», admet Marc des Serres, président de la chaîne de 26 magasins.

«Mais si Michaels décide de s'implanter au Québec, nous serons prêts. D'autant que nous les concurrençons déjà avec nos dix magasins situés hors-Québec, jusqu'à Vancouver. »

Au ministère québécois du Développement économique, on dit avoir pris acte de l'étude sur les détaillants étrangers qui avait été commandée au groupe montréalais Altus.

«Plusieurs détaillants québécois d'envergure font relativement bien dans les circonstances, parce qu'ils savent se démarquer. Mais chez d'autres, nous constatons un niveau d'information moindre qu'on l'aurait pensé », selon Pierre-André Forgues, directeur du commerce de détail au ministère.

«C'est notre rôle de les informer le mieux possible, mais pas de leur dire quoi faire dans leur commerce respectif. »