Les Canadiens préfèrent adapter leurs habitudes de consommation à leurs valeurs plutôt que de manifester ou de signer des pétitions, selon Statistique Canada.

L'achat éthique et le boycott ont gagné en popularité, alors que l'adhésion aux autres formes d'actions politiques a stagné ou diminué, selon l'agence, qui base son analyse sur les données du dernier recensement de 2008.

L'étude publiée mardi indique que 27 pour cent des Canadiens avaient choisi ou rejeté un produit sur la base de considérations éthiques en 2008, contre 20 pour cent en 2003. Au Québec, c'est 30 pour cent de la population qui avait pris une telle décision.

Cette progression serait significative, selon l'auteur du rapport, l'analyste Martin Turcotte, qui se spécialise dans les questions sociales. Le fait que cette augmentation soit visible dans l'ensemble des groupes d'âge suggère aussi qu'il ne s'agissait pas d'un simple effet du vieillissement de la population, a-t-il précisé.

Par contre, le nombre de Canadiens ayant signé une pétition, participé à un rassemblement politique ou encore pris part à une manifestation a diminué pendant les cinq années couvertes par l'étude. Par rapport à 2003, le nombre de pétitionnaires est passé de 28 à 24 pour cent, tout comme le nombre de participants à un événement politique (de 23 à 19 pour cent). En 2008, deux pour cent de la population a participé à une manifestation, contre cinq en 2003.

Une légère augmentation - par plus de trois points - a pu être détectée chez les Canadiens qui ont signé une carte de membre d'un parti politique ou réalisé des recherches sur une question politique. Plus de répondants avaient contacté un politicien ou un média que lors de la dernière étude sur ces questions.

Yves Plourde, un doctorant de l'école de commerce Richard Ivey, à London, en Ontario, avançait mardi que l'achat éthique a gagné en popularité parce qu'il ne nécessite que peu d'efforts.

«Je crois que les gens réalisent de plus en plus qu'il s'agit d'un moyen peu coûteux pour envoyer un message à une entreprise», a affirmé l'étudiant, qui se penche sur le mode de fonctionnement des grandes compagnies.

L'étude a été réalisée à partir de données récoltées grâce à l'Enquête sociale générale de Statistique Canada, et se penche seulement sur les Canadiens de 25 ans et plus.