Le combat engagé entre Metro (T.MRU.A) et Loblaw (T.L) pour gagner le coeur - et le ventre - des consommateurs est loin d'être terminé, mais, en attendant, c'est Metro qui gagne la bataille de la rentabilité.

La chaîne québécoise rapporte une hausse de 10,7% de sa rentabilité au quatrième trimestre, sur des revenus en hausse de 1,1%. Les profits ont atteint un record à 93,4 millions de dollars, soit 88 cents par action. C'est mieux que ce que prévoyaient les analystes, qui misaient sur un profit de 84 cents par action.

Loblaw, de son côté, affiche un profit net de 213 millions, ou 77 cents par action, sous la barre de 79 cents attendus par les analystes. C'est une hausse de 12,7%. Les ventes sont en augmentation de 1,3% pour le trimestre.

Les deux entreprises se tirent relativement bien d'affaire dans un marché difficile, estiment les analystes James Durran, de la Financière Banque Nationale, et Keith Howlett, de Valeurs mobilières Desjardins.

Ces derniers ne sont toutefois pas du même avis lorsqu'il est question de l'évolution de leurs titres en Bourse. L'analyste de la Financière Banque Nationale estime que le titre de Metro a plus de potentiel d'augmentation à moyen terme que celui de Loblaw. James Durran a un prix cible de 54$ pour l'action de Metro (+16%) et un prix cible de 49$ pour le titre de Loblaw (+13%).

L'analyste de Valeurs mobilières Desjardins mise plus sur Loblaw, avec un prix cible de 46$ (+9%), que sur Metro, avec un prix cible de 48$ pour Métro (+3,8%). Au dernier trimestre, la marge bénéficiaire de Metro était de 7,3%, une des plus élevées de l'industrie, tandis que celle de Loblaw s'établissait à 6,2%.

Profession: épicier

Metro et Loblaw ont choisi des avenues différentes pour tirer le meilleur parti de leur marché principal, celui de l'alimentation. Loblaw s'est diversifiée dans les services financiers, les vêtements et les services téléphoniques, tandis que Metro reste fidèle à son métier de base, l'épicerie.

Et ça ne changera pas, selon leurs dirigeants. «On veut demeurer très ciblé sur l'alimentation, c'est là qu'on pense qu'on peut se démarquer», a précisé hier le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche, au cours d'un entretien téléphonique.

Metro prévoit tout de même accroître sa présence dans la vente de médicaments et se dit à la recherche d'acquisitions dans le secteur pharmaceutique. Pour le reste, il ne fait une croix sur rien. Les services financiers? «On y pense, a dit M. La Flèche. Il y a peut-être des choses qu'on peut faire.»

Chez Loblaw, la cause est entendue depuis longtemps. Après les meubles (une expérience malheureuse) et les vêtements (Joe), l'entreprise vient de se lancer dans les services financiers. Elle offre des prêts hypothécaires et des certificats d'investissement dans ses magasins en Ontario et fera la même offre à ses clients québécois sous peu.

«Nous l'offrirons au Québec», a précisé Allan Leigthon, président de Loblaw et vice-président du conseil, en téléconférence avec les analystes.

Selon lui, les services financiers, y compris l'assurance et les cartes de crédit, et les services téléphoniques mobiles sont une avenue de croissance intéressante pour Loblaw. Il promet de préciser davantage les projets de l'entreprise dans les prochains mois.

D'ici la fin de l'année, Loblaw se concentrera sur la rénovation de ses magasins et l'amélioration de sa chaîne d'approvisionnement.

Metro, pour sa part, s'attaquera à ses étalages de fruits et légumes, qu'il veut améliorer dans tous ses magasins. L'entreprise mise aussi beaucoup sur sa coentreprise avec Dunnhumby Canada pour augmenter son efficacité de détaillant.

L'alliance conclue avec ce consultant international à l'automne 2009 a déjà généré une nouveauté, la carte de fidélité Metro&Moi, mais le plus gros des bénéfices pour l'entreprise est encore à venir, selon son président.

Par ailleurs, Metro et Loblaw s'attendent à une hausse des coûts des marchandises vendues dans les prochains mois, en raison de la flambée des prix de plusieurs produits de base sur le marché.

Leurs prochains résultats témoigneront de leur capacité à gérer ces hausses de coûts difficiles à transmettre aux consommateurs en raison de la féroce concurrence qui fait la loi dans le secteur de l'alimentation.

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EN CHIFFRES

Loblaw [[|ticker sym='T.L'|]]

Fermeture 42,26 $

Haut/bas 52 sem. 31,10$/44,98$

Revenus (3e trimestre) 9,6 milliards

Bénéfice net (par action) 213 millions (0,80$)

Marge d'exploitation 6,2%

Ratio cours/bénéfice 17

Metro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]]

Fermeture 46,00 $

Haut/bas 52 sem. 34,75$/47,47 $

Revenus (4e trimestre) 2,5 milliards

Bénéfice net (par action) 93,4 millions (0,88$)

Marge d'exploitation 7,3 %

Ratio cours/bénéfice 13