Déjà plus difficile que prévu, le projet d'Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) d'acquérir son vis-à-vis américain Casey's General Stores (CASY) se complique. Cette fois, c'est une offre concurrente qui pourrait mettre fin aux aspirations du géant québécois des dépanneurs.





Et si ce concurrent - dont le nom est encore inconnu - confirme son offre, Couche-Tard pourrait être forcé d'augmenter son offre pour une troisième fois, au-delà des 2 milliards US.

Tel est le scénario envisagé par des analystes après la divulgation hier par Casey's, en marge de ses résultats trimestriels, qu'il avait été pressenti par un autre prétendant prêt à offrir 40$ US l'action.

Un tel prix serait supérieur de près de 2$ US à celui de 38,50$ US offert depuis quelques jours par Couche-Tard, après la bonification de son offre initiale en avril dernier, à 36$ US l'action.

Déjà hier, le conseil d'administration de Casey's clamait qu'il considère un prix de 40$ US encore «insuffisant» en fonction de la valeur de l'entreprise.

Néanmoins, contrairement à son refus de négocier avec Couche-Tard, le détaillant américain a indiqué avoir «entamé des discussions» avec son nouveau prétendant pour maximiser une offre éventuelle.

Qui est-il? Pour le moment, Casey's se limite à le décrire comme une «tierce partie stratégique», sans autre détail.

De l'avis d'analystes, il s'agit vraisemblablement d'une entreprise ou d'investisseurs qui travaillent déjà dans le commerce de détail. Un exploitant de dépanneurs serait d'autant plus probable que ce marché aux États-Unis demeure fragmenté, mis à part les grands groupes comme 7-Eleven et Couche-Tard.

«Jusqu'à maintenant, le fait d'être le seul intéressé à acheter Casey's était un fort argument de négociation en faveur de Couche-Tard. L'arrivée d'une contre-offre est donc un coup dur parce qu'elle «pourrait rehausser encore le prix à payer pour Casey's», a commenté Martin Landry, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

En Bourse, les investisseurs ont manifesté leurs attentes en ce sens. Ils ont poussé les actions de Casey's en forte hausse de 10%, à 42,76$ US, ce qui équivaut à une capitalisation totale de 2,24 milliards US.

Cette somme représenterait un surcoût de 200 millions US pour Couche-Tard, si le Québécois devait donner suite à son offre d'achat.

Au siège social du détaillant à Laval, les hauts dirigeants ont indiqué hier par communiqué qu'ils se réjouissaient «à l'idée de prendre part au processus de mise aux enchères de Casey's».

Néanmoins, ils ont encore enjoint ses actionnaires à voter en faveur des administrateurs de substitution qu'il propose. Un vote à cet égard est prévu à l'assemblée des actionnaires de Casey's qui aura lieu le 23 septembre prochain, à son siège social de Des Moines, en Iowa.

Mais hier, à la Bourse de Toronto, les investisseurs ont manifesté leur déception concernant l'émergence d'une offre concurrente pour Casey's.

Ils ont laissé glisser les actions du détaillant québécois de 2%, à 23,46$.

Il y a une semaine, au cours de l'assemblée des actionnaires de Couche-Tard, son président et chef de la direction, Alain Bouchard, avait admis que l'offre pour Casey's s'avérait «beaucoup plus difficile» que prévu.

M. Bouchard avait aussi indiqué que Couche-Tard avait les moyens de ses ambitions concernant Casey's. En cas d'échec, il dit avoir d'autres projets d'expansion par acquisition.

Pourtant, dès le lendemain, Couche-Tard a annoncé une seconde majoration de son offre pour Casey's jusqu'à 38,50$ US l'action.

Hier, sans grande surprise, cette offre bonifiée a encore été rejetée par Casey's.

Par ailleurs, les résultats trimestriels divulgués hier par l'entreprise de 1500 dépanneurs dans le Midwest s'avèrent encore avantageux par rapport aux détaillants aux États-Unis.

Durant les trois mois terminés le 31 juillet, Casey's a encore haussé ses ventes totales (carburants inclus) de 14%, à 1,36 milliard US par rapport à la même période l'an dernier.

Quant aux ventes de ses magasins comparables, elles étaient en hausse annualisée d'un peu plus de 2%, en excluant les carburants. Enfin, Casey's a dégagé un bénéfice trimestriel qui s'est avéré conforme aux attentes des analystes, après exclusion des frais de 6,2 millions US liés à l'offre dite hostile de Couche-Tard.