Non merci pour votre offre d'achat «on the cheap» !

C'est la réponse obtenue rapidement par Alimentation Couche-Tard de la part de sa nouvelle cible d'acquisition aux États-Unis: Casey's General Stores, un détaillant établi en Iowa.

Il s'agit d'une chaîne de 1507 dépanneurs dans le Mid-West et de 3,3 milliards de revenus qui, d'un coup, augmenterait de presque 50% l'empreinte commerciale de Couche-Tard au sud de la frontière.

Mais s'il veut réaliser cette ambition, tout indique que Couche-Tard devra défier le conseil de Casey's et tenter d'attirer un nombre suffisant d'actionnaires à son offre de 1,9 milliard $US au comptant.

«Casey's n'a pas de bloc de contrôle à son capital-actions et ses dirigeants n'en possède qu'une petite partie. Par conséquent, même si son conseil d'administration refuse l'offre, les actionnaires de Casey's, eux, pourraient s'y montrer intéressés au point de provoquer une transaction», a commenté un analyste en commerce de détail d'une firme de courtage à Toronto.

«Couche-Tard pourrait devoir augmenter son offre pour Casey's», estime pour sa part Martin Landry, analyste de commerce de détail à la Financière Banque Nationale à Montréal.

D'autant que les principaux éléments de cette acquisition s'annoncent rapidement rentables pour les résultats financiers de Couche-Tard.

«La qualité des actifs de Casey's et les occasions de synergie avec ceux de Couche-Tard justifient une première évaluation positive pour cette transaction», selon M. Landry, dans une note-express envoyée à ses clients-investisseurs.

Dans ce contexte, jusqu'où pourrait aller Couche-Tard, si elle décide d'offrir davantage?

Sa première offre annoncée hier, à 36$US comptant par action, était déjà supérieure de 14% au cours de la veille des actions de Casey's sur la bourse Nasdaq. Le prix offert est aussi supérieur de 17% au cours moyen des trois derniers mois.

En Bourse, hier, les investisseurs ont poussé les actions de Casey's à un peu plus de 39 $US l'unité, 8% de plus que l'offre annoncée.

Si cette valeur boursière perdure, Couche-Tard pourrait devoir rehausser son offre à plus de 2,1 milliards US.

Selon un analyste torontois en commerce de détail, «Couche-Tard aurait les moyens financiers d'une offre bonifiée pour Casey's, tout en réalisant une transaction qui demeurerait immédiatement positive pour ses résultats consolidés subséquents».

Au siège social de Couche-Tard à Laval, les principaux dirigeants patrons, dont le président Alain Bouchard, déclinaient tout commentaire au-delà des lettres échangées avec le conseil d'administration de Casey's.

C'est d'ailleurs Couche-Tard qui a décidé de publiciser son ambition envers Casey's hier matin, après un mois de sollicitation informelle en privé.

«Nous sommes forcés de faire connaître notre proposition à vos actionnaires en raison de votre refus d'amorcer des discussions à propos de cette occasion unique pour eux que représente notre proposition», lit-on dans la dernière lettre de Couche-tard, datée d'hier.

Entre-temps, les ambitions de Couche-Tard aux États-Unis sont bien connues de leurs actionnaires et du milieu du commerce de détail.

Encore le mois dernier, en entrevue à un quotidien d'affaires torontois, le président Alain Bouchard vantait le contexte redevenu «favorable aux acquisitions à prix avantageux» aux États-Unis.

D'ailleurs, ces commentaires ne sont pas passés inaperçus au siège social de Casey's en Iowa.

Son conseil d'administration les cite même dans sa lettre de refus publicisée hier, après celle de Couche-Tard, pour qualifier de «cheap» ses ambitions d'acquisitions aux États-Unis.

Depuis 10 ans, Couche-Tard a annoncé une trentaine d'acquisitions de réseau de dépanneurs et de poste de vente d'essence au sud de la frontière. La plus marquante, celle du détaillant Circle K, remonte à 2003.

À son plus récent trimestre complété, le 31 janvier dernier, Couche-Tard regroupait en tout 5883 commerces, dont 3 846 répartis parmi 43 États américains.