Le numéro un mondial de la bière Anheuser-Busch InBev a annoncé son intention de supprimer 10% de sa main d'oeuvre en Europe occidentale, soit 800 de ses quelque 8000 employés, provoquant des actions de protestation de ses salariés belges.

«En raison d'une tendance générale au déclin du marché de la bière dans cette région du monde, il est envisagé, surtout en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, et au Luxembourg, de réduire les effectifs de grosso modo 10%, sur un total de 8000», a déclaré vendredi sa porte-parole Karen Couck.

Ces «intentions», a-t-elle précisé, ont été «communiquées jeudi aux représentants du personnel», dans le cadre des procédures légales d'information et de consultation propres aux pays concernés.

Mme Couck n'a pas détaillé ces restructurations, se bornant à indiquer qu'elles affecteront particulièrement les trois pays où AB InBev emploie le plus de personnel, -l'Allemagne, la Belgique et le Royaume-Uni-, qui sont aussi ses trois principaux marchés en Europe occidentale.

Dans un communiqué, la firme basée à Louvain a cependant annoncé qu'en ce qui concerne la Belgique, elle projetait de réduire de 263 emplois son personnel sur un total de 2700.

L'annonce a provoqué des réactions de colère. À l'usine de Jupille, dans l'est du pays, après l'annonce de la perte probable de 63 emplois, une dizaine de membres de la direction du site ont été temporairement séquestrés jeudi soir par les syndicats, qui exigeaient de rencontrer la direction générale du groupe.

Si les cadres ont été libérés vers 02H00 du matin, sans que les syndicats aient obtenu satisfaction, rien ne sortait ni ne rentrait vendredi de l'usine où est produite la Jupiler, l'une des bières les plus populaires de Belgique, a indiqué à l'AFP un responsable du syndicat CSC, Denis Gobert.

Le syndicaliste a estimé que, dans les prochains jours, «on peut s'attendre à des actions symboliques mais pas un mouvement de grève pur et dur».

À Louvain, siège social du groupe, l'activité de l'usine où est brassée la Stella Artois, autre marque phare du groupe, était elle aussi perturbée par les syndicats. Quelque 179 emplois sont menacés sur ce site.

AB InBev a également «l'intention» de supprimer le seul site de production existant au Luxembourg, celui de la bière Diekirch, en surcapacité structurelle selon Mme Couck.

Soixante-trois des 93 emplois au Luxembourg seraient menacés, d'après la presse luxembourgeoise.

La Diekirch, l'une des bières préférées des Luxembourgeois, ne disparaîtra cependant pas, sa fabrication avec les mêmes procédés étant transférée en Belgique, a affirmé la porte-parole d'AB InBev.

D'autres pays où AB InBev est implanté seront touchés marginalement, comme la France, avec la perte envisagée de 19 emplois. L'Espagne et l'Italie ne devraient pas être affectées, a encore indiqué Mme Couck.

L'un des motifs de cette restructuration pourrait être la volonté d'AB InBev d'améliorer non seulement sa productivité face à un marché en déclin mais aussi sa situation financière. Sa direction a en effet donné la priorité à la réduction de la forte dette liée à la fusion en 2008 du groupe belgo-brésilien avec le brasseur américain Anheuser-Busch.