Barack Obama donnera-t-il un coup de pouce à Jean Coutu (T.PJC.A)? C'est ce qu'espère le grand patron de la chaîne de pharmacies, qui mise sur une réforme du système de santé américain pour stimuler les ventes «décevantes» de Rite Aid.

Jean Coutu possède 28,4% des actions du détaillant américain, dont le prochain exercice financier s'annonce encore difficile. «Si on donnait la chance à 45 millions d'Américains de vraiment profiter de leur système de soins de santé, cela devrait être avantageux pour les pharmacies», a avancé hier François Jean Coutu, président et chef de la direction, pendant une téléconférence avec des analystes.

 

Les changements proposés par le président Obama - qui incluent une couverture médicale de base pour tous ceux qui n'en ont pas - sont encore hypothétiques. L'opposition est vive et les obstacles, nombreux. Mais une chose est sûre: Jean Coutu a fini d'enregistrer des pertes à cause de la piètre performance de Rite Aid.

Après de nombreux trimestres négatifs, le groupe québécois a finalement ramené à zéro la valeur de son placement dans Rite Aid, a annoncé l'entreprise hier. Jean Coutu a hérité du tiers des actions de la chaîne américaine en juin 2007, après la vente de ses pharmacies Brooks et Eckerd. Le bloc valait 1,6 milliard US à l'époque.

Désormais, les pertes de Rite Aid n'affecteront plus les résultats trimestriels de Jean Coutu. Elles seront plutôt comptabilisées dans une «réserve de pertes», en quelque sorte. «Quand la société (Rite Aid) va recommencer à faire des profits, nous devrons d'abord éliminer ces pertes non comptabilisées avant de commencer à calculer notre part des bénéfices», a expliqué André Belzile, chef des finances, pendant la téléconférence.

Preuve d'une confiance certaine dans Rite Aid, François Jean Coutu a confirmé vouloir conserver sa participation dans l'entreprise à long terme.

Enfin des profits

Cette radiation a permis à Jean Coutu d'afficher des profits pendant le deuxième trimestre de son exercice 2010, terminé le 29 août. Le groupe a dégagé un bénéfice net de 14,9 millions (0,16$ par action), comparativement à une perte de 39,1 millions il y a un an.

Le chiffre d'affaires a atteint 608,7 millions, par rapport à 567,5 millions l'an dernier. Les ventes ont grimpé de 3,8% entre les magasins comparables, avec une progression plus forte dans la section des produits pharmaceutiques ("5,8%) que celle de la marchandise générale ("1,3%).

François Jean Coutu s'est dit très satisfait de ces résultats, enfin écrits à l'encre noire après des trimestres de pertes. «Notre entreprise a affiché une solide performance et les ventes au détail ont grimpé de façon significative, malgré le ralentissement économique», a-t-il remarqué.

Irène Nattel, analyste chez RBC Marché des capitaux, a elle aussi qualifié de «solides» les résultats présentés hier. Les ventes de médicaments sont arrivées en ligne avec ses prévisions. «La couverture universelle offerte au Québec permet de contrebalancer tout impact négatif sur les niveaux d'emplois découlant de l'environnement économique actuel», a-t-elle noté.

Mme Nattel a aussi souligné la bonne performance de la filiale de fabrication de médicaments génériques de Jean Coutu, Pro Doc. Les ventes brutes de la division ont atteint 22,7 millions pendant le trimestre, comparativement à 5,2 millions à la même période l'an dernier.

Le président de Jean Coutu a par ailleurs réitéré son objectif d'ouvrir 100 nouveaux magasins au cours des cinq prochaines années. La plupart devraient voir le jour «dans des communautés francophones», a-t-il indiqué en réponse à un analyste.

Le titre de Jean Coutu a clôturé à 9,65$ hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 2,2%. L'action a grimpé de 16,3% depuis le début de l'année, et de 38,4% depuis un an.