La récession actuelle représente une pire tempête que le verglas de 1998.

C'est ainsi que se résume le bilan des ventes au détail en décembre. Le chiffre d'affaires global des détaillants a chuté de 5,4% à 33 milliards de dollars, le pire recul mensuel en 15 ans.

Le Québec fait mieux que la moyenne nationale car les ventes ont baissé de 4,4% à 7,6 milliards.

La baisse de décembre au pays est pire que celle de janvier 1998, alors que les ventes reculaient de 4,5% notamment parce que la tempête de verglas qui s'était abattue sur le Québec paralysait le commerce.

Statistique Canada souligne que la baisse de décembre dernier a été généralisée au sein des secteurs d'activité et que les trois quarts de la diminution proviennent des ventes liées à l'automobile.

En effet, les ventes du secteur ont fondu de 12,7% à 9,88 milliards, ce qui s'explique par le fort recul des ventes de voitures neuves et par la baisse des prix du carburant à la pompe.

Si l'on exclut le secteur automobile des chiffres, les ventes au détail ont quand même battu en retraite, soit de 1,8%.

Les consommateurs réduisent leurs dépenses dans un autre domaine coûteux, soit celui de la maison. Les ventes de matériaux de construction et de produits extérieurs pour la maison ont fléchi de 5,6% à 2,13 milliards. Cela reflète les problèmes du marché de l'habitation.

Noël n'a pas donné le coup de main espéré aux marchands car même les produits généralement associés à la période des Fêtes ont été moins en demande. Par exemple, les magasins de vêtements et accessoires ont enregistré un recul de 3,7% en décembre. Pour les meubles, accessoires de maison et appareils électroniques, le repli se chiffre à plus de 2%.

Une situation inquiétante

Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins, ne cache pas son inquiétude devant l'effondrement des ventes.

«Cette baisse des dépenses de consommation s'ajoutera vraisemblablement à une diminution de l'investissement résidentiel et non résidentiel, dit l'économiste. Tout porte donc à croire que le PIB réel diminuera d'au moins 3% au quatrième trimestre de 2008. Le Canada rejoindra ainsi de nombreux pays industrialisés qui sont déjà en récession (dont les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et la France).

Selon lui, la clé de la sortie de crise se trouve dans les mains des consommateurs eux-mêmes et des gouvernements.

«L'année 2009 s'annonce difficile, ajoute M. Durocher. La clé sera la confiance des ménages qui doit montrer une nette amélioration afin de permettre un retour de la croissance des dépenses de consommation. Les plans de stimulation gouvernementaux joueront un rôle crucial à cet égard dans les mois à venir.»