Après une « année très forte » selon son président, la Banque de développement du Canada (BDC) se dit prête à intervenir auprès de sa clientèle de milliers de PME en cas de resserrement de leur capacité financière avec « toutes les turbulences » qui agitent le commerce international et les marchés financiers.

« On sent un peu plus de nervosité et d'appréhension dans le milieu entrepreneurial que nous desservons, notamment dans les régions où se concentrent des secteurs industriels comme l'acier ou l'automobile qui sont les plus concernées jusqu'à maintenant par les disputes commerciales », admet Michael Denham, président et chef de la direction de la BDC, en entrevue lors de la publication de son rapport annuel de l'exercice 2018, terminé le 31 mars dernier.

Néanmoins, souligne-t-il, en faisant référence aux sondages récurrents de la BDC parmi sa clientèle cible, le niveau de confiance des entrepreneurs canadiens concernant leurs perspectives d'affaires et leurs projets d'expansion « demeure très positif » malgré les circonstances.

« Leurs intentions d'investissement au cours des six prochains mois demeurent plus élevées que ce qu'ils ont réalisé depuis six mois. De plus, malgré quelques soucis découlant des menaces tarifaires et du sort de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain], les entrepreneurs canadiens demeurent confiants envers la bonne continuité de leur croissance à moyen terme, ainsi que leurs intentions d'investir pour soutenir cette croissance. »

PROSPÉRITÉ

Entre-temps, dans le rapport annuel de la BDC, on constate d'emblée l'effet très positif de ces dernières années de prospérité dans l'économie entrepreneuriale.

Clientèle accrue de 14 % à 56 000 entrepreneurs ; croissance de 9 % de l'actif des prêts et de 34 % de l'actif des placements en capital de risque ; bénéfice net presque doublé à 818 millions grâce à des plus-values significatives lors de l'encaissement de placements dans quelques PME technologiques.

« Mais pour la BDC, cette croissance des résultats et du bénéfice est importante parce qu'elle nous procure encore plus de moyens de financement et d'investissement en capital-risque dans les PME. Et c'est particulièrement important pour certains mandats spécifiques comme le soutien financier à l'essor des femmes entrepreneurs, de même que certains secteurs en technologie qui ont un potentiel d'entrepreneuriat énorme, mais qui sont encore négligés parmi les banquiers et les investisseurs habituels. »

À ce sujet, d'ailleurs, la BDC prépare pour cet automne des ajustements qualitatifs à son offre de capital de risque pour les PME. Les objectifs en vue, selon son président ?

« Nous voulons favoriser le développement d'écosystèmes en capital de risque qui soient plus flexibles pour les besoins spécifiques de certains secteurs de l'entrepreneuriat technologique. Nous voulons aussi pouvoir participer à de plus gros placements dans des entreprises à un stade plus avancé de leur développement. »

LA BDC EN CHIFFRES

(exercice terminé le 31 mars 2018)

Clientèle : environ 56 000 entrepreneurs

Effectif : 2200 employés entre le siège social à Montréal et 123 centres d'affaires au Canada

Actif en prêts aux PME : 23,7 milliards (+ 9,2 % sur un an)

Résultat avant frais de gestion : 1,37 milliard (+ 36 % sur un an)

Résultat net : 818,2 millions (+ 76 % sur un an)

Source : Rapport annuel 2018 de la BDC