Les visions opposées dans le secteur automobile continuaient de semer le doute sur la probabilité d'une entente à court terme sur l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), mardi, alors que les trois principaux acteurs étaient réunis pour ce qui pourrait être un dernier effort afin de dénouer l'impasse avant 2019.

Tout espoir d'une entente semble encore résider dans la résolution de ce différend majeur entre le Mexique et les États-Unis.

Des sources proches des négociations ont affirmé que le Mexique avait présenté cette semaine des idées sur les pièces automobiles qui diffèrent de manière importante de l'objectif des États-Unis dans ces discussions, soit de favoriser la production dans des environnements aux salaires élevés.

La proposition mexicaine fait fi de normes importantes sur les salaires, réclame un pourcentage de contenu nord-américain moindre que celui souhaité par les États-Unis, ignore les règles sur l'usage d'acier nord-américain et permettrait aux entreprises une période d'ajustement de dix ans, soit plus du double ce qui est suggéré par les États-Unis.

Le ministre mexicain Ildefonso Guajardo a affirmé que les parties tentaient de trouver des solutions convenant aux trois pays, qui ont, selon lui, des réalités économiques considérablement différentes.

Le gendre du président Donald Trump, Jared Kushner, s'est voulu optimiste lorsqu'il a été interpellé entre plusieurs séances de cette ronde tenue à quelques pas de la Maison-Blanche.

«Très productif», a-t-il affirmé.

Un leader syndical canadien présent aux discussions a attribué au Mexique la lenteur des discussions sur la question des salaires.

Le président national d'Unifor, Jerry Dias, a laissé entendre que si l'actuel gouvernement mexicain n'acceptait pas d'augmenter les salaires, tout le monde devrait peut-être attendre quelques mois, après le dénouement des élections mexicaines, afin de négocier avec le prochain président de ce pays.

Le candidat de gauche Andrés Manuel López Obrador détient présentement une avance importante dans les sondages pour la présidentielle au Mexique.

Freeland compare les négos à un accouchement

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a utilisé la métaphore de l'accouchement pour décrire les négociations entourant l'ALENA.

Elle a expliqué mardi qu'il y avait des contractions, mais qu'on ne savait pas exactement à quel moment un nouvel accord viendrait au monde.

La ministre, qui est mère de trois enfants, a raconté devant les journalistes à Washington que lorsqu'elle était en train d'accoucher, une sage-femme lui avait expliqué qu'on ne pouvait prédire la durée du travail, mais que chaque contraction la rapprochait un peu plus de la naissance. Elle a estimé que cette expérience personnelle pouvait aussi s'appliquer aux négociations commerciales.

Mme Freeland a assuré qu'il y avait des progrès dans les discussions, mais n'a pas voulu s'avancer à prédire à quel moment une entente serait conclue.

La ministre a fait ces commentaires après une rencontre, mardi à Washington, avec le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer.

Mme Freeland, qui est aussi responsable du commerce canado-américain au cabinet, était arrivée dans la capitale américaine lundi. Elle avait alors rencontré son homologue mexicain afin de discuter des plus récentes suggestions de Mexico pour résoudre un point en litige dans le dossier de l'automobile.

Ce qu'on ignore aussi, c'est la suite des choses après une éventuelle entente sur l'automobile - et si les Américains accepteront alors de mettre de l'eau dans leur vin dans d'autres secteurs afin de conclure rapidement un accord.

Les trois partenaires de l'ALENA mènent cette semaine ce qui pourrait bien être leurs dernières discussions du printemps, alors que l'approche d'échéanciers politiques menace de reporter la conclusion d'une nouvelle entente à 2019 - après les élections au Mexique en juillet et les élections de mi-mandat aux États-Unis en novembre.