L'inflation annuelle a accéléré à 2,2% le mois dernier, atteignant du coup sa cadence la plus rapide en plus de trois ans, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Les données sur l'indice des prix à la consommation de février représentaient une progression significative par rapport au mois précédent, alors que l'inflation s'était établie à 1,7%.

En outre, les trois mesures de l'agence fédérale pour évaluer l'inflation de base - mises en place pour éliminer le bruit des éléments dont les prix sont plus volatils, comme l'essence et les fruits et légumes frais - ont poursuivi sur leur lancée. Elles se trouvent maintenant légèrement au-dessus de la cible de 2% privilégiée par la Banque du Canada, une première depuis février 2012.

L'inflation joue un rôle central dans la prise de décision de la Banque du Canada pour sa politique monétaire. Une inflation plus forte que prévu pourrait convaincre la banque centrale de hausser son taux d'intérêt directeur plus rapidement que les experts le prévoyaient.

«C'est le grand retour de l'inflation, mais elle ne prend pas encore la forme d'une créature effrayante, et elle est essentiellement conforme à ce que la Banque du Canada voulait voir», a observé l'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, dans un rapport.

L'économiste James Marple, de la Banque TD, a estimé que la Banque du Canada, qui avait adopté ces derniers temps un ton moins frondeur au sujet des taux d'intérêt, serait surement interpellée par la robustesse des données de vendredi sur l'inflation de base.

«Dans l'ensemble, les données d'aujourd'hui créent un risque que la Banque du Canada intervienne plus rapidement, mais parce que les risques à la baisse pour les perspectives économiques sont toujours élevés, l'été reste la période privilégiée pour la prochaine hausse des taux d'intérêt», a écrit M. Marple.

Selon le rapport de Statistique Canada, le prix de l'essence, qui a grimpé de 12,6%, est le principal responsable de la croissance de l'indice des prix à la consommation en février, d'une année à l'autre. Les hausses de prix des aliments vendus dans les restaurants et des véhicules automobiles ont aussi eu un impact à ce chapitre.

Les principales pressions à la baisse sur les prix se trouvaient du côté de l'équipement vidéo, des appareils numériques, des hôtels et de l'électricité.

Les prix à la consommation ont grimpé d'une année à l'autre dans toutes les provinces, et la plus forte accélération a été observée dans les provinces atlantiques.

L'inflation d'ensemble n'avait pas atteint 2,2% depuis octobre 2014, alors même que débutait le plongeon du cours du pétrole brut.

La Banque du Canada vise une inflation de base le plus près possible de 2%, soit le point milieu de la fourchette comprise entre 1%t et 3%.

Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, a haussé son taux directeur à trois reprises depuis l'été dernier, mais il l'a laissé inchangé plus tôt en mars en évoquant certaines incertitudes, notamment celles liées aux politiques commerciales des États-Unis.

À ce moment, la banque centrale a répété que de nouvelles hausses des taux d'intérêt seraient nécessaires plus tard. Cependant, elle a expliqué que son conseil de gouvernance ferait preuve de prudence lorsqu'il préparerait ses prochaines décisions et qu'il se laisserait guider par les données économiques à être publiées. Il s'intéresse particulièrement à celles sur la sensibilité de l'économie aux taux d'intérêt, sur l'évolution de la capacité économique et sur la croissance des salaires et de l'inflation.

Dans un rapport distinct, Statistique Canada a indiqué vendredi que les ventes des détaillants avaient progressé de 0,3% en janvier pour atteindre 49,9 milliards. La plus forte hausse observée était celle des magasins de marchandises diverses. En comparaison, les ventes des détaillants avaient diminué de 0,8% en décembre pour se chiffrer à 49,6 milliards.