Le gouvernement fédéral a terminé l'exercice financier 2016-2017 avec un déficit nettement inférieur aux prévisions du ministre des Finances Bill Morneau dans son dernier budget présenté en mars: plus de cinq milliards de dollars de moins.

En effet, Ottawa a affiché un déficit de 17,8 milliards de dollars lors du dernier exercice financier qui a pris fin le 31 mars, alors que M. Morneau tablait sur un manque à gagner de 23 milliards de dollars, selon les résultats définitifs dévoilés mardi matin par le ministère des Finances.

Ce bilan financier plus reluisant que prévu est imputable à la forte croissance économique qu'a enregistrée le Canada au cours des derniers mois et, dans une moindre mesure, à des dépenses qui n'ont pas été faites comme prévu durant le dernier exercice. La croissance a été telle que près de 400 000 emplois ont été créés au pays au cours de la dernière année et le Canada affiche le taux de croissance le plus élevé des pays du G7.

Ce déficit fait tout de même grimper la dette accumulée du Canada à 631,9 milliards de dollars au 31 mars 2017. Le ratio de la dette en proportion du produit intérieur brut s'établit maintenant à 31,2 %, en hausse de 0,2 %.

En 2015-2016, le gouvernement fédéral avait enregistré un déficit de 1 milliard de dollars. 

Dans son dernier budget, le ministre Morneau prévoyait un déficit de 28,5 milliards de dollars durant l'exercice financier en cours, de 27,4 milliards en 2018-2019 et de 23,4 milliards de dollars en 2019-2020. Le ministre a toutefois incorporé dans ces prévisions un coussin financier annuel de trois milliards de dollars.

Si la situation budgétaire est plus encourageante que prévu, le ministère des Finances souligne qu'il subsiste des incertitudes pour l'économie canadienne, alimentées en bonne partie par l'administration de Donald Trump. «Pour le Canada, il subsiste au premier rang une incertitude autour des principaux éléments des politiques économique, budgétaire et commerciale des États-Unis. En outre, le niveau élevé d'endettement des ménages pourrait représenter un risque dans l'éventualité d'un choc économique négatif, alors que les prix du pétrole pourraient décevoir à court terme si l'offre devait continuer à augmenter», souligne-t-on au ministère des Finances.

En campagne électorale, les libéraux de Justin Trudeau avaient promis d'investir massivement dans les projets d'infrastructures, entre autres, afin de stimuler la croissance de l'économie. Ils avaient alors calculé que cela engendrerait des déficits «modestes» de 10 milliards de dollars pendant les deux premières années d'un mandat libéral, et prévoyaient un retour à l'équilibre budgétaire dans la dernière année, soit en 2019-2020.

Mais en présentant son premier budget, en 2016, le ministre Bill Morneau a fait savoir que les déficits seraient plus imposants - près de 29 milliards de dollars annuels - et qu'il n'était pas en mesure de préciser quand il comptait rétablir l'équilibre budgétaire. 

Attaqué sans relâche par le Parti conservateur depuis deux ans sur la gestion des finances publiques, le ministre Bill Morneau pourra utiliser les résultats de l'exercice financier 2016-2017 pour contrer les critiques de ses adversaires selon lesquelles il a perdu le contrôle des finances publiques.

Ces résultats sont publiés alors que le gouvernement Trudeau est sur la défensive depuis quelques semaines en raison de la réforme fiscale controversée du ministre Morneau. Le grand argentier du pays veut contrer l'évitement fiscal en limitant l'utilisation de sociétés privées par des entrepreneurs et certains professionnels, mais ces mesures soulèvent la grogne des contribuables affectés et au moins deux députés libéraux des provinces maritimes affirment avoir l'intention de voter contre.