Le poids de l'endettement de certains Canadiens pourrait finir par peser sur ceux qui se trouvent dans une meilleure situation financière, suggère un rapport remis à la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Les responsables de l'agence fédérale ont reçu en mars une mise à jour sur la situation de crédit des emprunteurs et des tendances du marché immobilier.

Cette présentation prévenait entre autres que l'augmentation du ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) pourrait assombrir les perspectives de croissance à long terme de l'économie canadienne.

Le document citait une étude qui affirmait que sur un horizon éloigné, la hausse de l'endettement des ménages pouvait contrebalancer les bénéfices à court terme de la consommation.

La croissance marquée des dépenses des ménages, stimulée par les taux d'intérêt à des creux historiques, suscite des craintes étant donné que les niveaux d'endettement atteignent des records

Cela a toutefois été le moteur de la croissance économique au pays.

La Presse canadienne a obtenu une copie du rapport remis à la SCHL en vertu de la Loi d'accès à l'information. Le document faisait partie d'un document «confidentiel» remis au sous-ministre des Finances, Paul Rochon.

Citant des recherches internationales, le document de la SCHL indique qu'une hausse d'un point de pourcentage du radio de la dette par rapport au PIB pouvait se traduire par un ralentissement de la croissance économique de 0,1 point de pourcentage trois ans plus tard.

Ce calcul, publié en janvier par la Banque des règlements internationaux, a été réalisé en compilant des indicateurs en provenance de 54 pays entre 1990 et 2015.

«Nos résultats suggèrent que l'endettement stimule la consommation et la croissance du PIB à court terme, souligne le rapport de l'institution. Toutefois, le poids de la hausse de l'endettement vient affecter l'économie réelle en l'espace d'un an.»

«À long terme, les effets négatifs de l'endettement sont plus importants que les gains réalisés à court terme», ajoute la Banque.

Le document de la SCHL comprend également une présentation indiquant que le niveau de la dette par rapport au PIB a grimpé de cinq points de pourcentage entre 2010 et 2016, passant de 93 à 101 pour cent.

Même une réduction de 0,1 point de pourcentage de la croissance du PIB peut avoir un impact. Par exemple, l'an dernier, l'économie canadienne a affiché un taux de croissance de 1,3 pour cent.

La présentation qui accompagne le document de la SCHL place le Canada au deuxième rang, derrière l'Australie, au chapitre des pays ayant affiché la plus importante augmentation du radio de la dette par rapport au PIB sur une période de six ans.

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, affirme qu'il ne remet pas en question les conclusions que la hausse du niveau de la dette par rapport au PIB représente un risque pour la croissance économique.

Il affirme toutefois être sceptique en ce qui a trait au lien direct entre ce niveau d'endettement et la croissance économique.

«Je ferais preuve de prudence, a dit M. Porter. Il s'agit d'un travail extrêmement difficile à faire (pour prouver ce lien).»

Néanmoins, M. Porter reconnaît que l'endettement croissant des ménages au Canada - comme dans d'autres pays industrialisés - suggère qu'il sera difficile pour le pays d'afficher un taux de croissance aussi élevé que par le passé.