Le gouvernement fédéral n'a pas l'intention d'annoncer de mesures particulières dans son prochain budget pour faire face aux risques appréhendés que ferait peser Donald Trump aux États-Unis, qui demeure une variable inconnue pour l'instant dans l'équation économique.

Après la succession de ministres canadiens à Washington au cours des dernières semaines, le gouvernement de Justin Trudeau semble rassuré pour l'instant et ira de l'avant avec son plan de match élaboré avant même l'élection présidentielle américaine, ont indiqué des sources à Ottawa.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, déposera le 22 mars son deuxième budget alors qu'Ottawa, la Banque du Canada et le milieu des affaires tentent de prédire ce que fera ce président Trump hautement imprévisible, à la tête du plus important partenaire commercial du pays. Certains s'inquiètent notamment de réformes fiscales et commerciales qui pourraient avoir des impacts économiques majeurs au Canada.

Depuis des semaines, sinon des mois, M. Morneau évitait soigneusement de préciser si son budget contiendrait des mesures pour contrer l'incertitude face à l'administration Trump. Encore la semaine dernière, le ministre des Finances retournait une deuxième fois à Washington pour faire la connaissance de son homologue américain, Steve Mnuchin. En février dernier, il avait déjà rencontré les conseillers économiques de la Maison-Blanche Gary Cohn, Kenneth Juster et Dina Powell, le sénateur Orrin Hatch, président du comité des finances, et son collègue Mike Crapo, président du comité sénatorial des banques, du logement et des affaires municipales.

Or, cette semaine, M. Morneau semblait plutôt rassuré: «notre budget parlera du Canada», a-t-il insisté mardi lorsqu'on l'a interrogé sur la «variable Trump».

Certains au Canada craignent que l'administration américaine n'approuve une taxe à la frontière sur les importations, de nouvelles mesures protectionnistes, un Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) renégocié au détriment du Canada, et une baisse de l'impôt des particuliers et des entreprises, qui minerait la compétitivité du Canada.

Mais Ottawa pourrait avoir bien du temps devant lui pour réagir à plusieurs de ces mesures. Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a ainsi indiqué cette semaine que les négociations sur l'ALENA, qui pourraient durer un an, ne débuteront probablement pas avant la fin de cette année.

L'opposition conservatrice demande quand même au gouvernement de poser déjà des gestes concrets afin de soutenir l'économie canadienne dans l'éventualité de réformes américaines. «Alors que M. Trump s'apprête à réduire considérablement les impôts, les chefs d'entreprises (canadiennes) veulent savoir que nous ferons la même chose ici au Canada pour créer des emplois», indiquait jeudi la chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, lors de la période de questions aux Communes.

«Autant le faire dans ce budget - le plus tôt sera le mieux! Quel est le plan du premier ministre pour s'assurer que Donald Trump ne volera pas nos emplois?»

Mme Ambrose a souvent critiqué les politiques libérales qui augmentent les coûts des entreprises, comme l'imposition d'un prix sur le carbone et la réforme du Régime de pensions du Canada - des «taxes sur la masse salariale», selon elle.