L'équipe de conseillers soigneusement choisis par le gouvernement libéral de Justin Trudeau pour l'aider à relancer l'économie canadienne recommande à Ottawa de consacrer plus de 200 milliards de dollars d'ici 10 ans à des projets d'infrastructures, mais en utilisant des capitaux institutionnels plutôt que des fonds publics.

Cette suggestion a été soumise jeudi dans le premier rapport du Conseil consultatif en matière de croissance économique, mis sur pied en février par le ministre des Finances, Bill Morneau, pour alimenter la réflexion de son gouvernement. Le Conseil consultatif comprend notamment Michael Sabia, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, et Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière de l'Université McGill.

Les membres du conseil estiment que le gouvernement fédéral devrait créer une «banque canadienne de développement de l'infrastructure». Cette banque indépendante pourrait trouver des capitaux institutionnels en offrant aux investisseurs un rendement constant grâce aux frais imposés aux usagers - par exemple sur les routes, les ponts et les aéroports. Le comité soutient que le Canada devrait mettre à profit cette «abondance de capital institutionnel de par le monde (qui) attend d'être mobilisée».

Le conseil recommande par ailleurs à Ottawa de créer une «agence d'investissement direct étranger», qui pourrait tripler, au cours de ses premières années d'exploitation, le taux de croissance de l'investissement direct étranger, «pour le faire passer du taux actuel de 2 % à 6 % par année». Selon le conseil, «cela ferait en sorte d'ajouter environ 43 milliards au PIB du Canada».

«Ces mesures apporteraient une cohésion cruciale pour ce qui est, à ce jour, une approche décousue sur les investissements étrangers», estiment les membres du Conseil consultatif.

La troisième recommandation du conseil avait été éventée mercredi: accueillir 450 000 nouveaux arrivants par année au cours des cinq prochaines années - soit une hausse de 50 % par rapport aux seuils actuels -, en «mettant l'accent sur le talent supérieur en affaires et sur les étudiants étrangers dans des industries et des rôles où il y a des pénuries de compétences canadiennes».

«Une intégration efficace des immigrants qualifiés se traduira par la création et l'essor d'un plus grand nombre d'entreprises innovantes, par la création de plus d'emplois pour les Canadiens et par une hausse du niveau de vie des Canadiens», estiment les membres du conseil.

Le ministre de l'Immigration, John McCallum, a cependant estimé dès mercredi que cette cible serait trop ambitieuse, qu'elle s'avérerait onéreuse et n'obtiendrait pas l'appui de tous les Canadiens. Le gouvernement fédéral doit annoncer le mois prochain ses cibles en matière d'immigration pour 2017.

Le ministre Bill Morneau, lui, doit présenter le 1er novembre la mise à jour économique et financière de son gouvernement, qui pourrait bien être fortement teintée par les recommandations de «son» Conseil consultatif en matière de croissance économique.

Pendant ce temps, le conseil poursuit ses réflexions et promet «des idées supplémentaires» à la fin de l'année.