Le gouvernement libéral fédéral espère résoudre une énigme économique qui intrigue les gouvernements précédents depuis des décennies: comment augmenter la productivité au Canada.

Les plus récentes données de Statistique Canada sur la productivité au travail, publiées vendredi, rappellent qu'elle a retraité de 0,2% en 2015 - de loin son plus faible résultat en trois ans.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a indiqué à plusieurs reprises qu'il voulait s'attaquer à la productivité du pays; il a même confié à un nouveau comité consultatif la tâche de trouver des solutions.

M. Morneau soutient qu'une hausse de la productivité permettrait aux Canadiens de continuer de profiter de la meilleure qualité de vie qui soit malgré le vieillissement de la population. Son budget du 22 mars devrait d'ailleurs prévoir certaines mesures pour améliorer la productivité au pays.

La croissance de la productivité constitue depuis longtemps une énigme pour les gouvernements en place à Ottawa, quelle que soit leur couleur. Des notes internes préparées pour le prédécesseur de M. Morneau aux Finances, Joe Oliver, indiquaient que la croissance de la productivité au Canada entre 2000 et 2013 se situait derrière celle de tous ses partenaires du G7, exception faite de l'Italie.

Pour le quatrième trimestre, la productivité du travail dans les entreprises canadiennes a légèrement progressé de 0,1%, alors qu'elle avait affiché une hausse de 0,4% au troisième trimestre. Au quatrième trimestre, la production des entreprises ainsi que les heures travaillées sont demeurées pratiquement au même niveau qu'au trimestre précédent.

L'économiste en chef de la BMO, Doug Porter, affirme qu'il ne sera pas facile d'améliorer la productivité dans un pays qui affiche en moyenne 1,1% de croissance annuelle depuis 1981 et qui traîne toujours derrière les États-Unis. Il croit que les efforts des gouvernements fédéraux en ce sens ont tous été infructueux - par exemple: l'adhésion du Canada aux traités de libre-échange avec les États-Unis puis le Mexique, ou une baisse des impôts des particuliers et des entreprises.

«Je souhaite la meilleure des chances au nouveau gouvernement, mais je serais franchement très étonné de les voir réussir à faire bouger les choses à ce chapitre», a confié l'économiste.

Des experts mettent cependant en garde contre la tentation de comparer les taux canadiens et américains. D'abord, précise M. Porter, les secteurs industriels des deux pays sont très différents, et les entreprises américaines sont beaucoup plus importantes. Le Canada doit aussi composer avec des températures plus rigoureuses et des distances plus grandes entre les villes, ce qui augmente les coûts de production.

Pedro Antunes, économiste en chef au Conference Board du Canada, soutient par ailleurs qu'il est très difficile d'évaluer les effets des différentes politiques gouvernementales sur la productivité. La situation aurait peut-être été bien pire encore en l'absence de ces politiques, comme la baisse des impôts, suggère M. Antunes.