Le gouvernement libéral en Ontario a joué de sa majorité à l'Assemblée législative pour faire adopter son projet de loi omnibus de mise en oeuvre du budget, amorçant du même coup la privatisation de la société d'État Hydro One.

Les progressistes-conservateurs et les néo-démocrates ont vainement demandé au gouvernement de séparer la vente d'Hydro One du reste du projet de loi omnibus, afin de pouvoir en débattre. L'opposition soutient que les tarifs d'électricité vont augmenter encore davantage à la suite de la privatisation de l'importante société ontarienne de distribution d'électricité.

Lorsqu'elle aura obtenu la sanction royale, la nouvelle loi soustraira la société d'État aux regards de l'ombudsman, du vérificateur général, du commissaire à l'intégrité et du commissaire à la protection de la vie privée.

Fait sans précédent, ces gendarmes indépendants, qui en réfèrent à l'Assemblée législative et non au gouvernement du moment, ont transmis une lettre conjointe où ils préviennent qu'ils ne pourront plus évaluer la qualité des services offerts par Hydro One.

L'ombudsman provincial, André Marin, a publié récemment un rapport cinglant sur les 10 700 plaintes de clients concernant des erreurs de facturation et le service «exécrable» à Hydro One - des pouvoirs d'enquête externe qui n'existeront plus maintenant, prévient-il.

Les contribuables ontariens ne pourront plus savoir, non plus, s'ils contribuent toujours à hauteur de 81% au régime de retraite des employés d'Hydro One - alors que des milliers d'employés du secteur public gagneraient plus de 100 000 $ par année. En vertu de l'entente de principe conclue pour le renouvellement de leur convention collective, les employés d'Hydro One ont obtenu des actions dans la future entreprise - même si la vente des actions au grand public n'a pas encore commencé.

Le gouvernement espère tirer 9 milliards $ de la vente de 60% de la société d'État; il promet de consacrer 5 milliards $ au paiement de la dette d'Hydro One, et 4 milliards $ aux investissements dans les transports publics et les infrastructures.