Le nombre de Canadiens qui ne peuvent pas payer leurs dettes et se retrouvent en situation d'insolvabilité est en hausse pour la première fois depuis la récession, selon un rapport de la Banque CIBC.

Le nombre cumulatif de cas d'insolvabilité a grimpé de 1,2% dans la période de six mois close en février, a indiqué la banque.

Cette hausse d'ensemble survient alors que le nombre de faillites a reculé de 4,7%. Cependant, le nombre de propositions - lorsque les consommateurs sont capables de rembourser une portion de leur dette - a grimpé de 9,0%.

Selon l'économiste Benjamin Tal, de la CIBC, l'impact de la faiblesse des prix du pétrole commence à se faire sentir.

Le nombre de cas d'insolvabilité au Manitoba et en Saskatchewan a bondi de près de 11%, tandis qu'il a avancé de 6,5% en Alberta.

En comparaison, les cas d'insolvabilité ont diminué de près de sept pour cent en Ontario.

«En examinant la situation en Alberta, il y a des raisons de croire que les trimestres à venir vont montrer une détérioration soutenue», a écrit M. Tal dans le rapport.

La faiblesse des prix du pétrole a forcé certains des plus grands noms de l'industrie à réduire leurs dépenses en immobilisations pour cette année et à réduire la taille de leurs effectifs pour diminuer leurs coûts.

Par exemple, Trican Well Service a annoncé la semaine dernière qu'elle supprimerait 2000 emplois en Amérique du Nord. Elle n'était pas la première à faire une telle annonce ces derniers mois.

M. Tal a noté que la hausse du nombre de propositions faisait suite à des changements mis en place en 2008, qui ont fait passer de 75 000$ à 250 000$ la limite des dettes non hypothécaires qui peuvent faire l'objet de tels arrangements, ce qui rend cette option plus attrayante que la faillite.

«Les trajectoires inversées des propositions et des faillites ont mené à une situation qui fait en sorte que les propositions représentent maintenant 50% - un sommet record - de la totalité des cas d'insolvabilité», a affirmé M. Tal.

La Banque du Canada et d'autres ont déjà observé que la dette à la consommation était un important risque pour l'économie.

La longue période de faibles taux d'intérêt a fait grimper la dette des ménages à des niveaux records. Selon Statistique Canada, pour chaque dollar de revenu disponible, les ménages du pays devaient environ 1,63$ en crédit à la consommation, en prêts hypothécaires et en d'autres prêts.

Cependant, alors que ces données montrent que les familles canadiennes empruntent plus d'argent, cette augmentation survient alors que la valeur de leurs actifs croît elle aussi, notamment celle de leurs actifs immobiliers.

M. Tal a noté que le nombre de cas d'insolvabilité pourrait grimper encore davantage si les taux d'intérêt étaient appelés à croître.

«Compte tenu de la sensibilité accrue des ménages canadiens aux taux d'intérêt plus élevés, il est raisonnable de s'attendre à ce que, contrairement aux cycles précédents, le cycle de raffermissement des taux d'intérêt mène à une augmentation modérée du taux d'insolvabilité», a écrit M. Tal.

Les taux de délinquance ont continué à reculer pour tous les principaux types d'emprunts, à l'exception des lignes de crédit, où les taux de délinquance ont grimpé ces dernières années, a noté le rapport de la CIBC.

«Cette trajectoire témoigne largement du transfert du risque des cartes de crédit aux lignes de crédit», a observé M. Tal.