À 10 mois des prochaines élections fédérales, l'ancien directeur parlementaire du budget, Kevin Page, sort de l'ombre pour tailler en pièces le bilan des conservateurs de Stephen Harper sur l'économie et la gestion des finances publiques.

Du même souffle, il encense la vision du chef du NPD, Thomas Mulcair, et souligne la qualité du travail de l'opposition officielle à la Chambre des communes dans une foule de dossiers, des services offerts aux anciens combattants, aux impacts des compressions imposées par le gouvernement conservateur pour atteindre «son obsession», l'équilibre budgétaire en 2015.

Dans un geste qui a alimenté les spéculations sur ses intentions, M. Page a prononcé un discours d'une trentaine de minutes vendredi matin devant les députés du NPD, réunis en caucus de deux jours afin de préparer la rentrée parlementaire du 26 janvier.

Selon des informations obtenues par La Presse, les hauts dirigeants du NPD ont commencé à jauger l'intérêt de M. Page de porter les couleurs du parti aux élections fédérales du 19 octobre, un scrutin que M. Page a qualifié ce matin de «crucial» pour l'avenir du pays.

Pour l'heure, M. Page a fait savoir qu'il pas l'intention de briguer les suffrages. Mais cela n'empêche pas certains apparatchiks du NPD de voir en M. Page un futur ministre des Finances d'un premier gouvernement néo-démocrate.

Dans son discours, M. Page a affirmé que les conservateurs de Stephen Harper ont hérité d'une situation budgétaire et fiscale idéale en 2006 quand ils ont pris le pouvoir. Mais cette situation s'est dégradée au fil des ans en raison des nombreuses réductions d'impôts accordées par le gouvernement Harper qui ont eu pour effet de réduire considérablement l'assiette fiscale d'Ottawa au moment où les défis à relever s'accumulent en raison des changements démographiques, entre autres.

Il a aussi rappelé que les conservateurs ont ajouté au moins 130 milliards de dollars à la dette accumulée en neuf ans de pouvoir. «Les politiques fiscales du gouvernement sont élaborées en fonction des objectifs politiques des conservateurs», a-t-il soutenu.

M. Page a aussi vertement critiqué le refus du gouvernement conservateur de dévoiler l'impact qu'auront les compressions imposées depuis 2012 sur les services offerts aux Canadiens afin d'éliminer le déficit en 2015. Rappelons que M. Page a livré une dure bataille devant les tribunaux afin de forcer les divers ministères à lui remettre les documents détaillant les compressions budgétaires et leur impact sur les services.

L'ancien directeur parlementaire du budget s'est aussi dit inquiet au sujet de l'avenir des institutions canadiennes depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir, qui refusent de transmettre des informations pertinentes aux députés pour des raisons inacceptables.

«Quand on a le mandat de dépenser l'argent des contribuables, on a aussi l'obligation de rendre des comptes, de produire un plan», a dit M. page.

Dans son discours, M. Page a lui-même souligné les liens d'amitié qu'il entretient avec Thomas Mulcair depuis cinq ans. En 2009, alors que le budget du bureau du directeur parlementaire du budget avait été amputé du tiers par le gouvernement Harper, M. Page a sérieusement songé à quitter ses fonctions. D'autant plus qu'il était à couteaux tirés avec les conservateurs depuis quelque temps.

C'est alors qu'il a reçu un appel de Thomas Mulcair, qui était critique du NPD en matière des Finances, l'implorant de continuer son travail d'analyse, si essentiel pour permettre aux parlementaires de faire leur propre travail avant de voter à la Chambre des communes.

L'ancien chef du NPD, Jack Layton, a également donné un coup de fil à M. Page le même jour, l'invitant à ne pas lancer la serviette. M. Page a finalement décidé de demeurer en poste jusqu'à la fin de son mandat en mars 2013.