Le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) lance un pavé dans la mare en pressant les banques canadiennes et certaines entreprises québécoises de ne plus recourir aux options d'achat d'actions pour rémunérer leurs patrons.

Une bonne partie des sociétés cotées en Bourse attribuent régulièrement à leurs hauts dirigeants des options qui leur permettent d'obtenir à bon marché des actions à une date ultérieure. Pour que les options puissent être converties à la date convenue, le cours des actions doit être supérieur à un seuil établi à l'avance (prix d'exercice).

Le MEDAC prône l'abolition pure et simple de la rémunération sous forme d'options d'achat d'actions. Une telle mesure se traduirait par une diminution significative des revenus des hauts dirigeants des grandes entreprises canadiennes puisque les attributions d'options et d'actions représentaient environ 50% de leur rémunération totale en 2010.

«Les hauts dirigeants sont déjà assez riches comme ça», a lancé hier Yves Michaud, fondateur du MEDAC, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Dans une étude de l'Institut sur la gouvernance publiée en 2012, le professeur Yvan Allaire a rappelé que la rémunération en options s'est répandue au milieu des années 80, car les investisseurs institutionnels y voyaient une façon d'aligner les intérêts des membres de la direction avec ceux des actionnaires.

Or, aux yeux de plusieurs observateurs, les options ont surtout contribué à faire exploser les émoluments des patrons. Et selon M. Allaire, les options incitent parfois les dirigeants à gérer à court terme et à accroître la prise de risques de l'entreprise dans l'espoir de faire progresser le cours des actions.

La cupidité encouragée

«Les options s'inscrivent dans une approche qui ne fait qu'augmenter la cupidité des dirigeants», soutient le nouveau président du MEDAC, Daniel Thouin.

«Il n'y a plus de lien entre la performance des gestionnaires et leur récompense», avance-t-il, en notant que les entreprises établissent la rémunération de leurs dirigeants en se comparant avec leurs rivaux, ce qui conduit parfois à de la surenchère.

Le MEDAC demande donc à sept banques canadiennes, dont la Nationale et la Laurentienne, d'«éliminer progressivement» les options comme forme de rémunération pour leurs dirigeants. Il fera la même démarche auprès de la chaîne de supermarchés Metro ainsi que d'autres entreprises québécoises.

Dans les documents publiés en vue de son assemblée annuelle, qui se tiendra à la fin du mois de janvier, Metro recommande à ses actionnaires de voter contre la proposition du MEDAC, en soutenant que son régime d'options est bien encadré et qu'il ne constitue qu'un seul des éléments de la rémunération de ses hauts dirigeants.

Dans le cadre de sa campagne 2014, le MEDAC entend par ailleurs sommer les banques de payer «leur juste part d'impôt», de lancer des appels d'offres pour choisir leur cabinet de vérification comptable et de faire preuve de plus de transparence en ce qui a trait à la situation financière de leurs régimes de retraite.

Les propositions du MEDAC ne recueillent que très rarement la majorité des voix des actionnaires, mais elles poussent souvent les entreprises à améliorer leur gouvernance. Le groupe vient de convaincre Bombardier de se doter d'une politique pour forcer les dirigeants à rembourser la rémunération qui leur a été versée lorsqu'ils sont reconnus coupables de fraude, d'inconduite ou de négligence.