L'inflation a augmenté en novembre au Canada pour la première fois depuis le mois de juillet, la tendance à la baisse des prix de l'essence et de l'énergie semblant avoir pris fin.

L'inflation annuelle a ainsi progressé de deux dixièmes de points pour s'établir à 0,9% le mois dernier, a précisé Statistique Canada.

La pression à la hausse sur les prix à la consommation restait malgré tout bien contrôlée, a estimé l'agence gouvernementale. Les augmentations de prix pour les biens et les services desquels les Canadiens dépendent principalement - dont la nourriture, le logement ou l'énergie - sont restées modestes.

En fait, novembre est devenu le septième des 13 derniers mois où la hausse d'une année à l'autre de l'inflation a été inférieure à la cible préconisée par la Banque du Canada, qui se situe dans la fourchette entre un et trois pour cent. En outre, pour un 19e mois consécutif, l'inflation s'établissait en deçà du point milieu de cette cible, soit 2%.

Par ailleurs, elle était inférieure à celle d'un pour cent attendue par les économistes.

Prise avec les faibles données sur le commerce de détail - également dévoilées vendredi matin par Statistique Canada - les deux rapports laissent croire que l'économie canadienne continuer de connaître une faible croissance, ont estimé des analystes.

Le dollar canadien a perdu des plumes face à la devise américaine à la suite de la publication des deux rapports, avant de reprendre du poil de la bête et clôturer sur un gain de 0,15 cent US à 93,91 cents US.

Il faut dire que le billet vert américain avait aussi profité initialement de la révision de la croissance économique du troisième trimestre au sud de la frontière, laquelle s'est établie à 4,1%, sont plus haut niveau en deux ans. En comparaison, le produit intérieur brut canadien n'a crû que de 2,7% pour la même période.

«Je crois que c'était la combinaison de chiffres stagnants au Canada et de chiffres rugissants aux États-Unis. En fait, je suis étonné que le dollar n'ait pas reculé davantage», a observé Doug Porter, économiste en chef à la Banque de Montréal.

«Une glissade du dollar va éventuellement lever les pressions sur les prix d'une certaine façon, a-t-il ajouté, mais la banque restera sur le pied d'alerte jusqu'à ce que la croissance reprenne une certaine vigueur.»

La Banque du Canada a maintes fois évoqué la faiblesse de l'inflation pour justifier sa décision, en octobre, d'abandonner sa préférence pour un éventuel resserrement de la politique monétaire, et signaler qu'elle entendait garder les taux à de très faibles niveaux jusqu'en 2015.

La banque centrale juge que la pression minimale sur les prix à la consommation pour les biens et services est un signe que l'économie canadienne continue de sous-performer et qu'elle aura besoin d'environ encore deux ans pour renouer avec sa pleine capacité de production.

Rien, dans le rapport de Statistique Canada sur l'inflation, ne permettait de croire vendredi que la banque centrale erre dans son analyse.

Jimmy Jean, un analyste chez Desjardins Marché des capitaux, ne croit pas que la faiblesse de l'économie est assez prononcée pour convaincre le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, de renverser complètement sa stratégie sur les taux d'intérêt. La banque répète depuis trois ans qu'à un pour cent, sa politique est appropriée et suffisante pour garder l'économie à flot.

«Nous reconnaissons que l'inflation reste faible et qu'elle va vraisemblablement appuyer la rhétorique de la Banque du Canada. Cependant, nous ne croyons pas qu'une réduction des taux d'intérêt soit sérieusement envisagée.»

Variation mensuelle stable

Sur une base mensuelle, les prix étaient stables en novembre et l'inflation de base de la banque centrale a reculé d'un dixième de point à 1,1%. Elle se situe ainsi, pour un 17e mois consécutif, sous la cible de la banque.

Les prix de l'essence et de l'énergie ont été plus élevés le mois dernier qu'ils ne l'étaient en octobre sur une base annuelle, mais ils n'ont avancé que de 0,4% et de 2,3% respectivement. La composante de l'énergie a été influencée par une augmentation de 5,1% de l'électricité et une autre de 5,3% du gaz naturel. Malgré tout, ces hausses font suite à des déclins pour le mois précédent.

En général, six des principales composantes de prix étudiées par Statistique Canada ont progressé en novembre, même si leurs gains étaient modérés.

Les prix des aliments ont grimpé de 1,1%, tandis que ceux du logement ont avancé de 1,8%. Les coûts des boissons alcoolisées et des produits du tabac ont gagné 2%.

Entre-temps, les prix des vêtements et des chaussures ont légèrement reculé, tout comme les coûts des soins de santé et des soins personnels, tandis que ceux des hypothèques ont chuté de 2,1%.

Les légumes frais ont connu une des plus importantes hausses de prix de novembre, soit plus de 12%, tant sur une base annuelle que mensuelle.

Les prix à la consommation ont augmenté dans neuf provinces sur une base annuelle. La Colombie-Britannique a fait exception, ayant enregistré un recul des prix d'une année à l'autre. La hausse la plus importante a été enregistrée à l'Île-du-Prince-Édouard, et la plus faible, au Québec.

Le Québec a par ailleurs été l'une des quatre provinces où les prix de l'essence ont diminué d'une année à l'autre. L'inflation annuelle dans la province se situait à 0,6 pour cent, comparativement à 0,2% en octobre.

En Ontario, elle s'est établie à 1,1%, par rapport à 0,9% le mois précédent. Au Nouveau-Brunswick, elle a atteint 1,2%, comparativement à 0,8% en octobre.

Le taux d'inflation dans les provinces

Voici le taux dans les provinces et territoires du pays (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Terre-Neuve-et-Labrador 2,2 (1,5)

- Île-du-Prince-Édouard 2,6 (2,0)

- Nouvelle-Écosse 1,0 (0,9)

- Nouveau-Brunswick 1,2 (0,8)

- Québec 0,6 (0,2)

- Ontario 1,1 (0,9)

- Manitoba 2,4 (2,2)

- Saskatchewan 1,4 (1,5)

- Alberta 1,7 (1,0)

- Colombie-Britannique -0,2 (-0,3)

- Whitehorse, Yukon 1,2 (1,6)

- Yellowknife, T.-N.-O., 1,4 (1,6)

- Iqaluit, Nunavut 0,7 (1,7)

Le taux d'inflation dans les grandes villes

Voici le taux dans les grandes villes du pays (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Saint-Jean, T.-N.-L., 2,2 (1,5)

- Charlottetown-Summerside, 2,6 (2,1)

- Halifax, 1,0 (0,8)

- Saint-Jean, N.-B., 1,1 (0,7)

- Québec, 0,5 (0,3)

- Montréal, 0,7 (0,4)

- Ottawa, 0,9 (0,8)

- Toronto, 1,3 (1,1)

- Thunder Bay 1,1 (0,8)

- Winnipeg, 2,4 (2,2)

- Regina, 1,7 (1,7)

- Saskatoon, 1,0 (1,1)

- Edmonton, 1,3 (0,5)

- Calgary, 2,1 (0,5)

- Vancouver, 0,1 (0,0)

- Victoria, -0,3 (-0,5)