Le gouvernement Harper souhaite que les diplomates canadiens en poste à l'étranger recentrent leurs énergies et leurs ressources sur la promotion des intérêts commerciaux du Canada.

Le ministre du Commerce international, Ed Fast, a dévoilé mercredi une nouvelle politique appelée «la diplomatie économique» qui fera du commerce le fer de lance de la politique étrangère canadienne.

Le gouvernement espère que les entreprises canadiennes parviendront ainsi à percer plus efficacement les marchés émergents, considérés tant par Ottawa que par la Banque du Canada comme étant la clé de voûte pour assurer la prospérité économique du pays.

Le ministre Fast, qui a joué un rôle majeur dans les négociations entourant le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, a étayé les grandes lignes du «Plan d'action sur les marchés mondiaux» dans un discours prononcé à l'Economic Club du Canada, à Ottawa.

«Il est simplement question de trouver le juste équilibre... de faire en sorte que le Canada demeure au premier rang pour contribuer au développement d'un monde qui en a désespérément besoin et, en même temps, de s'assurer que nos leviers diplomatiques soient déployés d'une manière à promouvoir nos intérêts économiques», a-t-il expliqué.

«Ces deux aspects ne sont pas mutuellement exclusifs, a ajouté le ministre Fast. Ils peuvent se marier d'une manière à faire prospérer l'argent que les Canadiens consacrent à ce secteur.»

Ces changements dans la manière dont les ressources diplomatiques seront déployées à travers le monde feront des succès commerciaux des entreprises et des investisseurs canadiens l'une des priorités de la politique étrangère, a spécifié le ministre.

Mais le critique du Nouveau Parti démocratique en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar, a estimé qu'il était peu souhaitable que le pays adopte une approche centrée sur un objectif si précis pour sa politique étrangère.

Il a ajouté que la place du Canada sur la scène internationale était en train de s'étioler, rappelant du même coup les effets négatifs des coupes perpétrées dans le service extérieur au cours des dernières années.

«Ils ne comprennent pas que pour avoir du succès dans le commerce extérieur, vous avez besoin d'avoir une diplomatie robuste, d'avoir des engagements solides et de démontrer qu'on est là pour apporter quelque chose de plus autour de la table que de simplement défendre notre propre intérêt économique», a-t-il fait valoir.

Des cibles précises seront visées, a précisé M. Fast, indiquant qu'il souhaitait en cinq ans presque doubler le nombre de petites et moyennes entreprises canadiennes qui font des affaires dans des marchés émergents tels que la Chine, l'Inde et le Brésil - environ 11 000 PME sont présentes sur ces marchés actuellement.

Si la stratégie est couronnée de succès, M. Fast a estimé que plus de 40 000 nouveaux emplois liés aux exportations canadiennes seront créés.

Une nouvelle qui a été accueillie avec enthousiasme par de nombreuses associations regroupant des gens d'affaires au pays.

«Étant donné qu'un emploi canadien sur cinq est lié à l'exportation, la promotion des intérêts commerciaux du Canada à l'étranger est essentielle à notre compétitivité et à notre prospérité», a mentionné le président et chef de la direction du Conseil canadien des chefs d'entreprise, John Manley.

La Fédération canadienne des municipalités, par la voix de son président Claude Dauphin, s'est également réjouie de ce nouveau plan qui «ouvre la porte à un partenariat économique plus solide entre le gouvernement fédéral et les gouvernements locaux».

La Chambre de commerce de Montréal voit également d'un bon oeil l'objectif d'Ottawa de doubler la part des PME exportatrices québécoises sur les marchés émergents d'ici 2018.

«Conjuguée au fait que le Canada sera le seul pays du G8 à bénéficier d'un accès préférentiel aux marchés de l'Amérique du Nord et de l'Union européenne, cette présence accrue sur les marchés émergents renforcera le positionnement international des exportateurs canadiens», a déclaré son président et chef de direction, Michel Leblanc.