Le ministre des Finances Jim Flaherty cède aux pressions de sa base conservatrice. Il prévoit de nouveau un retour à l'équilibre budgétaire dès 2015-2016, malgré une croissance anticipée en 2013 plus faible que ce qu'il envisageait encore en novembre.

Cette nouvelle prévision entraînera d'ailleurs une aggravation de 1,8 milliard de dollars du déficit pour 2013-2014, qui passe à 18,7 milliards, malgré des revenus budgétaires de 263,9 milliards. Cela équivaut à 1% de la taille de l'économie canadienne et en fait, en termes relatifs, le plus faible déficit du G7.

En mars dernier, M. Flaherty, faisant preuve d'un plus grand optimisme qu'aujourd'hui, avait estimé la différence entre ses revenus et ses dépenses pour 2012-2013 à 10,2 milliards, seulement.

Le net ralentissement de la croissance depuis l'été avait amené le ministre à revoir de fond en comble son scénario, en novembre, au point où il jugeait plus prudent de planifier un retour à l'équilibre en 2016-2017.

M. Flaherty a annoncé hier qu'il rentrait dans l'objectif conservateur.

Grâce à un pari sur un raffermissement de la croissance dès 2014 et pour les années suivantes, la résorption du déficit devrait s'accélérer au point où un léger surplus de 800 millions est projeté pour l'exercice 2015-2016 au cours duquel des élections générales sont prévues.

Pour réussir cet objectif ambitieux, Ottawa prévoit limiter à 0,8% seulement ses dépenses de programmes, cette année. Du jamais vu.

L'an dernier, il s'était montré très ambitieux avec un objectif de 1,4% pour 2012-2013. C'est plutôt sur une augmentation de 2,9% que l'exercice prendra fin le dimanche de Pâques.

Pour 2012-2013, le déficit est finalement estimé à 25,9 milliards, soit 100 millions à peine de moins que sa prévision de novembre, mais 4,8 milliards de plus que sa projection de mars 2012.

Aux différentes compressions récurrentes mises en place depuis 2010, le budget ajoute une série de mesures de contrôle des dépenses de programmes devant dégager 68 millions d'économies dès 2013-2014. Ottawa entend par exemple réduire les déplacements des fonctionnaires en privilégiant les vidéoconférences et les nouvelles technologies numériques. Ottawa veut en plus s'attaquer à la rémunération de ses employés et de ses retraités.

Un bras de fer avec la Fonction publique paraît inévitable.

Ottawa vise aussi à récupérer 431 millions cette année en éliminant des échappatoires fiscales et en partant à la chasse aux contribuables qui refusent de faire leur juste part. Cette somme ira grandissant par la suite.

Le retour à l'équilibre repose sur une réduction accélérée du déficit en 2014-2015. Il y a un an, M. Flaherty prévoyait que le déficit allait diminuer de 8,9 milliards entre 2014-2015 et 2015-2016.

Il vise désormais 12,1 milliards.

La bouchée paraît d'autant plus grosse à avaler que la projection de croissance de l'assiette fiscale est beaucoup plus faible pour 2013 que ce qui avait été envisagé en novembre, et bien diminuée par rapport au scénario de mars 2012. L'augmentation du produit intérieur brut (PIB) nominal est désormais à 3,3% seulement (comparativement à une prévision de 4,0% en novembre et de 4,4% en mars 2012).

Pour 2014, il devrait rebondir à 4,7%, ce qui est très voisin de la prévision de mars 2012. Le retard de 2013 ne sera pas rattrapé d'ici 2015.

Ottawa, et les prévisionnistes du secteur privé sur lesquels il s'appuie, misent sur une augmentation appréciable des prix des matières premières, et du pétrole albertain en particulier.

Toutes les formes d'impôts et de taxes rapporteront davantage cette année, hormis les droits d'accise. L'impôt sur le revenu des sociétés repart à la hausse après une diminution de 1 milliard en 2012-2013 découlant de l'abaissement de 16,5% à 15,0% du taux d'imposition.

Enfin, la dette augmentera de 18,7 milliards, à hauteur de 627,4 milliards, ce qui équivaut à 33,8% du PIB, le sommet projeté du présent cycle, et le ratio le plus faible du G7.