Grâce à la solide rentabilité du secteur financier, les bénéfices d'exploitation des entreprises sont restés au même niveau qu'à l'automne, au premier trimestre.

À hauteur de 75,2 milliards, ils sont néanmoins en hausse de 4,6% par rapport au premier trimestre de 2011, a indiqué Statistique Canada hier.

«Depuis leur creux de la mi-2009, ils ont rebondi de plus de 66%, note Francis Fong, économiste à la TD. Ils ne sont plus qu'à 2,9% de leur sommet d'avant la récession.»

Cette performance masque cependant les directions opposées prises par les entreprises du secteur financier et les autres, au fil des trimestres.

La rentabilité des premières a atteint 20,7 milliards, cet hiver. Il s'agit d'un bond de 20,3% ou de 3,5 milliards sur celle du quatrième trimestre. C'est le meilleur résultat depuis le sommet de l'été 2007. Sur une base annuelle, la progression est toutefois plus modeste à hauteur de 8,7%. Ce sont avant tout les compagnies d'assurance et les activités de dépôt des banques qui ont généré le gros de ces profits.

En revanche, les sociétés non financières ont vu leurs profits avant impôts et postes extraordinaires refouler de 3,5 milliards, ou 5,9%, à hauteur de 54,4 milliards. C'est le pire recul trimestriel depuis la récession bien que la rentabilité reste supérieure de 3,1% à celle de l'hiver 2011.

La rentabilité du secteur manufacturier a fondu à elle seule de 2,5 milliards ou 16,2%. Huit de ses 13 segments accusent des reculs. Celle des produits informatiques et électroniques s'est pratiquement évanouie tandis que celle des produits de l'automobile a fondu de moitié, tout comme celle du segment aéronautique. La force du huard durant l'hiver a sans aucun doute rogné les marges bénéficiaires puisque beaucoup d'entreprises spécialisées dans ces industries vouées à l'exportation produisent en dollars canadiens et vendent en dollars américains.

Le récent repli de notre monnaie face au billet vert est susceptible de redresser la situation quelque peu, à moins que l'aggravation de la crise de la dette publique européenne ne dégénère en ralentissement mondial.

La rentabilité accrue de la construction, du transport et de l'entreposage ainsi que des détaillants n'a pu compenser les replis de la fabrication dans son ensemble et des industries culturelles et de l'information.

Du côté de l'extraction, la profitabilité accrue du secteur pétrolier a été en grande partie neutralisée par celle, diminuée, de l'industrie minière qui a pâti quelque peu des replis des prix des produits de base.

Même avec un recul de leurs bénéfices d'exploitation cet hiver, les sociétés non financières canadiennes demeurent en excellente santé. Leur niveau d'endettement représente moins de 90% de la valeur de leur capitalisation. «Il s'agit du ratio le plus faible à ce jour depuis 1988», souligne Robert Kavcic, économiste chez BMO Marchés des capitaux.

Au cours des prochains trimestres, la croissance des bénéfices des entreprises se rapprochera davantage des variations de la taille de l'économie, exprimée en dollars courants. Elle devrait fluctuer entre 4 et 7% dans l'ensemble, ce qui masquera à nouveau d'importantes variations selon les industries.