Alors que les conservateurs font la promotion de leur plus récent budget au Canada comme à l'étranger, le ministre des Finances, Jim Flaherty, vante les bienfaits de cinq années consécutives de baisse d'impôts pour les entreprises sur les revenus du gouvernement fédéral.

M. Flaherty a déclaré cette semaine devant des reporters de New York et d'Edmonton que les sommes récoltées par Ottawa auprès des entreprises continuaient à augmenter en dépit de la diminution des impôts sur leurs bénéfices.

Selon le ministre, cela prouve que réduire les impôts des sociétés génère davantage d'activités économiques, d'investissements et d'emplois.

Mais les chiffres actuellement disponibles ne corroborent pas cette affirmation.

Durant l'exercice financier 2007-2008, le gouvernement fédéral a reçu 40,6 milliards $ en impôts de la part des entreprises, un sommet. C'est à cette époque que les conservateurs ont commencé à réduire le taux d'imposition, qui est passé de 22,1 pour cent à son niveau actuel de 15 pour cent.

Avec la récession et la diminution des impôts, les revenus recueillis par Ottawa auprès des compagnies ne se sont toutefois pas encore améliorés, même en dollars non indexés. Dans les trois années qui ont suivi la première réduction, ils ont été chuté à 29,5 milliards $ puis remonté à 30,4 milliards $ avant de légèrement redescendre à 29,9 milliards $.

D'après les projections énoncées par le fédéral dans son budget, les revenus tirés des impôts des sociétés amorceront leur remontée mais n'atteindront pas les 40 milliards $ avant 2016-2017, soit neuf ans plus tard et sans tenir compte de l'indexation.

L'économiste Jim Stanford, des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), soutient que Jim Flaherty reprend la théorie de la courbe de Laffer selon laquelle un gouvernement peut augmenter ses revenus en coupant les impôts. Popularisée par Ronald Reagan dans les années 1980, cette théorie a depuis été décrétée fausse.

«Sur le plan statistique, cela n'a absolument aucun sens, a-t-il indiqué. Le résultat est, d'un côté, une diminution des revenus du gouvernement et, de l'autre, une hausse des réserves d'argent des entreprise.»

Questionné à ce sujet, Chisholm Pothier, le directeur des communications de M. Flaherty, a pour sa part assuré que les revenus d'Ottawa provenant des entreprises remonteraient bientôt.

«Nous laissons plus d'argent entre les mains des entrepreneurs. C'est ce qui a permis au Canada de devenir le meilleur endroit au monde pour faire des affaires selon le magazine «Forbes»', a écrit M. Pothier dans un courriel.