L'US Air Force (USAF) a rejeté du revers de la main un avion militaire présenté par Hawker Beechcraft et quelques partenaires, dont les sociétés québécoises Pratt & Whitney Canada (P&WC), CAE et CMC Esterline.

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Hawker Beechcraft a dénoncé cette décision et a demandé au Government Accountability Office, l'équivalent américain du Vérificateur général, de la réviser.

Les partenaires québécois se sont cependant montrés philosophes. «Évidemment, cette nouvelle nous déçoit, mais il y a d'autres occasions d'affaires pour cet appareil sur la scène mondiale», a déclaré la directrice des relations publiques de CMC, Janka Dvornik, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

L'USAF a lancé un appel d'offres pour 35 avions légers de soutien (des appareils turbopropulsés), un contrat évalué à près de 1 milliard US. Les 20 premiers appareils doivent servir aux forces afghanes alors que les 15 autres doivent être utilisés comme appareils d'entraînement pour les pilotes de l'USAF. Des commandes subséquentes pourraient faire grimper le nombre total d'appareils à 55.

Hawker Beechcraft a fait équipe avec CMC, CAE, P&WC, L-3 WESCAM et Lockheed Martin pour présenter l'AT-6, un appareil qui devait être construit à Wichita, au Kansas. Hawker faisait face à un seul autre concurrent: le Super Tucano d'Embraer, présenté par l'avionneur brésilien et la société américaine Sierra Nevada. Embraer a fait savoir qu'elle assemblerait les appareils à Jacksonville, en Floride.

La semaine dernière, l'USAF a communiqué à Hawker Beechcraft pour faire savoir qu'elle excluait l'AT-6 du processus d'appel d'offres. L'USAF n'a toutefois pas fourni de motifs et a refusé de rencontrer Hawker Beechcraft pour discuter de la question.

«Cette décision nous déconcerte, a fait savoir Hawker Beechcraft dans un communiqué. Cela fait deux ans que nous travaillons de près avec l'USAF. Nos partenaires et nous avons investi plus de 100 millions de dollars pour pouvoir répondre aux critères de l'USAF.»

Mme Dvornik a reconnu que CMC avait investi du temps et des ressources, mais elle n'a pas voulu préciser la valeur de cet investissement. CMC doit fournir de l'équipement avionique pour l'appareil.

CAE a également refusé de révéler la valeur de son investissement, mais la porte-parole du fabricant de simulateurs de vol, Pascale Alpha, a affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une somme significative. Comme Mme Dvornik, elle a fait valoir que cet investissement ne visait pas spécifiquement le contrat de l'USAF, mais l'ensemble des occasions qui se présenteront pour l'AT-6.

«Nous continuons à travailler sur ces autres possibilités, a-t-elle déclaré. Nous avons un très bon produit.»

CAE est responsable du volet de formation pour l'AT-6.

Le motoriste de l'avion d'Hawker Beechcraft, P&WC, a également investi dans le projet d'AT-6.

«Nous avons comme politique de ne pas révéler ce genre d'investissement, mais pour P&WC, il s'agit d'un montant non matériel», a déclaré la vice-présidente aux communications de l'entreprise, Nancy Germa.

L'entreprise de Longueuil occupe cependant une position particulièrement confortable dans le cadre de l'appel d'offres de l'USAF. En effet, P&WC propulse le concurrent de l'AT-6, le Super Tucano, avec le même moteur, le légendaire PT6A. P&WC a fabriqué plus de 36 000 de ces moteurs depuis le lancement d'une première version, dans les années 60.