La Banque de développement du Canada accordera des centaines de millions en prêts aux entreprises canadiennes pour les aider à prendre le virage technologique.

En entrevue à La Presse Affaires, le président et chef de la direction de la BDC, Jean-René Halde, a en effet révélé qu'il canalisera les profits beaucoup plus importants que prévu dégagés lors du dernier exercice financier vers de nouveaux prêts offerts aux entrepreneurs. Le but : permettre aux entreprises de s'équiper en technologies de l'information et de la communication (TIC).

«Le Canada a un problème de productivité largement dû à l'insuffisance des investissements faits par nos entrepreneurs en technologie. On est en train de voir comment on pourrait prêter aux entrepreneurs pour les convaincre d'acheter du hardware et du software qui augmenteront leur productivité», a expliqué le président de la société d'État fédérale.

Si le budget exact de ce qui est qualifié d'«effort spécial» n'est pas encore déterminé, il sera considérable.

«Si on veut faire une véritable différence, il faut que ce soit à coups de centaines de millions», précise M. Halde, qui compte rendre l'argent disponible aux entrepreneurs dès cet automne.

Pour financer ces nouveaux prêts, la BDC pourra compter sur les profits-surprises engendrés lors de l'exercice financier 2011, terminé le 31 mars.

La BDC a dégagé un bénéfice net de 347 millions, pulvérisant son objectif de 276 millions. Il s'agit aussi d'un renversement complet par rapport aux maigres profits de 6 millions de l'an dernier.

Que s'est-il passé? En gros, les entreprises canadiennes se sont avérées beaucoup plus solides que prévu pendant la reprise économique, ce qui a permis à la BDC de réduire ses prévisions pour mauvaises créances.

La mission de la BDC étant de servir les entrepreneurs et non de maximiser ses propres profits, la bonne performance de 2011 lui permettra de prendre davantage de risques en se lançant dans les prêts destinés aux TIC.

«On va déployer le capital qui résulte des profits pour tenter de régler l'une des grandes problématiques de nos entreprises. Et s'il faut prendre un peu plus de risque pour le faire, on va le faire», résume M. Halde.

Des prêts en baisse

Contrairement à la plupart des acteurs économiques, la BDC est plus active quand l'économie ralentit... et met la pédale douce quand les choses reprennent.

C'est exactement ce qui s'est passé lors de l'année fiscale 2011. La crise du crédit passée, les banques traditionnelles ont recommencé à prêter, et la BDC s'est effacée en faisant diminuer ses prêts aux entreprises de 4,34 à 3,25 milliards.

«On est là pour être complémentaire, pas pour concurrencer les autres banques», dit M. Halde.

Si la BDC avait été plus active en général pendant la récession, ça n'avait pas été le cas de sa division de capital-risque. Celle-ci avait au contraire sabré ses investissements dans les petites boîtes innovantes, faisant dire à certains qu'elle n'avait pas joué son rôle de soutien.

Le niveau des investissements en capital-risque a un peu grimpé en 2011, passant de 85 à 95 millions. La division est toutefois en restructuration complète, et M. Halde prévoit hausser les investissements de 35 à 40% l'année prochaine.

De façon générale, la BDC s'attend à maintenir son niveau de prêts accordés aux entreprises pour l'année en cours.

«Pour le moment, le marché est très liquide et les institutions financières sont encore très présentes, observe M. Halde. J'aurais tendance à dire qu'on va faire environ le même niveau de prêts qu'en 2011. C'est certain que si l'économie se mettait à aller beaucoup plus mal et que les banques se mettaient à être plus frileuses, on interviendrait davantage. Mais ce n'est pas ce qu'on voit à l'horizon.»