Garda World (TSX:GW) espère que l'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire lui permettra d'étendre ses activités au Canada.

Au cours de la récente campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper a promis de sabrer des milliards de dollars dans les dépenses fédérales afin de rétablir l'équilibre budgétaire à Ottawa.

Le président et chef de la direction de Garda, Stéphan Crétier, y voit une occasion en or de convaincre l'État de confier plusieurs tâches de nature sécuritaire en sous-traitance.

«Ce gouvernement sera conservateur sur le plan fiscal et nous avons quelques idées pour l'aider en ce sens», a lancé M. Crétier au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers, jeudi.

Pour le dirigeant, les possibilités sont presque infinies. Protection d'ambassades à l'étranger, transport de prisonniers, vérifications préalables à l'embauche, enquêtes dites «mineures», gestion des appels liés aux systèmes d'alarme et même les services de premiers répondants: selon lui, les firmes privées pourraient s'occuper de tout cela.

«C'est un complément aux services policiers, a-t-il soutenu. On n'est pas là pour faire de la répression, on n'est pas là pour faire concurrence à la police.»

Plusieurs de ces responsabilités relèvent des provinces et des municipalités. Or, Stéphan Crétier croit que là aussi, l'austérité deviendra la règle et que le secteur privé pourrait en profiter.

Les contrats gouvernementaux peuvent tout de même réserver des surprises. Il y a quelques semaines, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) a décrété une diminution du nombre d'agents affectés à la fouille des passagers, ce qui se traduira par une baisse de 1,5 à 2 millions $ du bénéfice d'exploitation de Garda pour l'exercice en cours.

Résultats

Au premier trimestre, c'est toutefois une gestion déficiente de nouveaux contrats de transports de valeurs décrochés aux États-Unis qui a entaché les résultats de l'entreprise montréalaise.

«Malheureusement, nous avons été victimes de notre succès, a confié M. Crétier. Je pense que nous avons surestimé notre capacité à digérer tous ces contrats.»

Pour éviter le pire, Garda a dû verser pas moins de 2 millions $ en temps supplémentaire à des employés. «Nous avons eu notre leçon», a assuré le pdg.

La rentabilité de l'entreprise a également souffert de l'acquisition du numéro deux de la sécurité au Québec, Kolossal, dont les marges d'exploitation sont inférieures aux siennes. Stéphan Crétier entend régler la situation d'ici la fin de l'année et n'exclut pas de nouvelles acquisitions de ce genre.

Au cours du trimestre qui a pris fin le 30 avril, Garda a ainsi enregistré un bénéfice net de 4,5 millions $ (14 cents par action), en baisse de 28,6 pour cent par rapport aux 6,3 millions $ (20 cents par action) dégagés pendant la période correspondante de l'an dernier.

Les revenus ont totalisé 286 millions $, en hausse de cinq pour cent.

Garda s'attend à ce que son exercice financier en cours, qui prendra fin le 31 janvier 2012, surpasse le dernier, lequel était le meilleur de sa jeune histoire. La direction prévoit réaliser un chiffre d'affaires de 1,2 milliard $ et un bénéfice par action d'un dollar. L'an dernier, le BPA de l'entreprise a atteint 91 cents sur des revenus de 1,1 milliard $.

Depuis un an, M. Crétier vit à Dubai, où il dirige le développement des affaires dans les pays arabes et en Afghanistan. Dans cette région, Garda veut doubler ses revenus d'ici trois ans pour les porter à plus de 200 millions $.

Depuis peu, les finances, les ressources humaines et le marketing de ces activités internationales sont d'ailleurs effectués dans la métropole des Émirats arabes unis plutôt qu'à Montréal, qui demeure néanmoins le lieu du siège social de Garda.

L'action de Garda a clôturé à 10,70 $ jeudi, en baisse de 4,6 pour cent, à la Bourse de Toronto.