Le ministre des Finances Jim Flaherty prend les moyens pour régler le dossier de la compensation que réclame le Québec pour avoir harmonisé la TPS et la TVQ - un contentieux qui dure depuis le milieu des années 90.

M. Flaherty a indiqué, hier, qu'il inclura dans son prochain budget qui sera déposé à la Chambre des communes le lundi 6 juin, la somme de 2,2 milliards qui doit être remise au Québec. Durant la dernière campagne électorale, le Parti conservateur s'est engagé à régler ce dossier au plus tard le 15 septembre.

Le budget de M. Flaherty reprendra essentiellement les mesures contenues dans le plan budgétaire qu'il avait proposé le 22 mars, mais qui n'avait pu être adopté avant la chute du gouvernement minoritaire de Stephen Harper, à la suite d'un vote sur une motion de censure parrainée par le Parti libéral.

En point de presse, hier, le grand argentier du pays a aussi indiqué qu'il éliminera la subvention que verse l'État aux partis politiques dans son prochain budget, comme le Parti conservateur l'avait promis durant la dernière campagne électorale. L'élimination de cette subvention, qui totalise environ 27 millions de dollars, sera étalée sur trois ans et risque d'étrangler financièrement le Parti libéral et le Bloc québécois.

Ce sont les deux principaux changements qui seront apportés à son budget. Le ministre a indiqué que son parti a obtenu un mandat des électeurs pour mettre en oeuvre son plan d'action économique.

«Le jour de l'élection, les Canadiens ont appuyé sans équivoque l'accent que nous mettons sur l'économie, l'emploi et la prochaine phase de notre plan», a affirmé M. Flaherty.

Selon le ministre, le budget maintiendra donc le cap sur les grandes priorités du gouvernement, en particulier le maintien des impôts bas, des investissements ciblés pour favoriser la croissance économique, la hausse des paiements de transferts aux provinces pour les programmes sociaux comme la santé et l'éducation, et un contrôle plus serré des dépenses de l'État.

Devant les journalistes, hier, le ministre Flaherty a réitéré la promesse électorale des conservateurs d'éliminer le déficit un an plus tôt que prévu, soit au plus tard en 2014-2015. «Le budget montrera que nous sommes sur la bonne voie pour éliminer le déficit et rétablir l'équilibre budgétaire», a dit le ministre.

M. Flaherty compte rencontrer des économistes du secteur privé la semaine prochaine, afin d'entendre leurs nouvelles prévisions économiques pour le pays. Selon lui, les projections devraient être comparables à celles contenues dans le budget du 22 mars.

Dans ce budget, M. Flaherty a annoncé un saupoudrage de 2,3 milliards de dollars en nouvelles dépenses en 2011-2012. Entre autres choses, il a proposé de bonifier le Supplément de revenu garanti pour les aînés les plus démunis. Cette mesure permettra à certaines personnes âgées vivant seules de toucher 600$ de plus par année tandis que les couples obtiendront 840$. À elle seule, cette mesure coûtera 300 millions par année.

M. Flaherty a aussi proposé de reconduire pour une autre année le programme de rénovations résidentielles ÉcoÉnergie - une dépense de 400 millions. Il avait annoncé la création d'un nouveau crédit d'impôt non remboursable de 15%, applicable à une somme de 2000$ pour les aidants naturels qui s'occupent d'un proche malade. Cette mesure coûtera 40 millions cette année et 160 millions l'an prochain.

Des stratèges conservateurs ont indiqué que le gouvernement Harper tient à ce que le budget soit adopté avant le 30 juin étant donné que certaines mesures, dont la hausse du Supplément de revenu garanti, doivent entrer en vigueur le 1er juillet.

Interrogé à ce sujet, hier, le chef du NPD, Jack Layton, a pressé le gouvernement de tenir compte des demandes des partis de l'opposition. «On doit essayer de changer le budget. Il y a plusieurs éléments qui ne sont pas des bonnes politiques: le financement des partis, la réduction des impôts pour les plus grandes entreprises, le manque d'actions pour aider les aînés.»

Toutefois, M. Layton a dit qu'il ne se berce pas d'illusions. «C'est évident que M. Harper, peu importe ce qu'il a dit le soir de l'élection- qu'il va travailler pour tous les Canadiens, qu'il va écouter les idées des autres -, a commencé encore une fois avec son approche: My way or the highway. «

- Avec Malorie Beauchemin