D'un côté, un partisan quasi milliardaire, Larry Tanenbaum, qui attend patiemment depuis une quinzaine d'années. De l'autre, un conglomérat de télécoms, Rogers, qui veut une équipe de hockey pour diffuser ses matchs sur ses chaînes sportives.

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Les enchères pour devenir le prochain propriétaire majoritaire des Maple Leafs de Toronto, équipe de sport la plus riche du pays, sont commencées.

Et elles s'annoncent révélatrices des dernières tendances de l'industrie du sport professionnel, où partisans fortunés et conglomérats se côtoient au sein du club sélect des propriétaires d'équipe.

Le fonds de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers') vient d'embaucher la firme d'affaires Morgan Stanley afin de vendre sa participation majoritaire (66 %) dans Maple Leaf Sports & Entertainement (MLSE), a révélé Cyberpresse/La Presse en exclusivité samedi soir. Deux heures plus tard, Teachers' a confirmé « explorer la possibilité de vendre sa participation » dans MLSE.

Les deux principaux acheteurs potentiels n'ont pas fait de vagues au cours du week-end. Présent samedi soir au Air Canada Center pour le match des Maple Leafs, Larry Tanenbaum n'a pas voulu faire de commentaires. Même mutisme hier chez Rogers. « Nous avons une longue et fructueuse relation de commanditaire avec MLSE. Le sport est important pour Rogers et nous tentons toujours d'augmenter le contenu sportif pour nos abonnés, mais il n'y a pas de changement imminent à notre relation avec MLSE », a dit Jan Innes, porte-parole de Rogers.

Rogers, qui possède déjà l'équipe de baseball des Blue Jays de Toronto (évaluée à 326 millions US) et la chaîne spécialisée Rogers Sportsnet, n'a pas d'équipe de hockey de la LNH. Son concurrent Bell est propriétaire minoritaire du Canadien et possède les chaînes de télé sportives RDS et TSN. Quebecor veut ramener une équipe de la LNH à Québec et lancer sa chaîne spécialisée TVA Sports. Telus, seul conglomérat de télécoms ne possédant pas d'intérêt dans le sport professionnel comme diffuseur ou propriétaire, n'a pas voulu commenter hier le dossier des Maple Leafs.

Contre Rogers, le magnat torontois de l'immobilier Larry Tanenbaum a un atout de taille : un droit de premier refus sur la vente des actions de Teachers'. Par l'entremise de sa firme Kilmer Sports, il possède déjà 20,5 % de MLSE. La Banque TD, qui n'a pas voulu commenter hier le dossier, détient 13,5 % de MLSE. Chacun des actionnaires minoritaires a un droit de premier refus équivalent à sa participation dans l'actionnariat. Larry Tanenbaum peut ainsi acquérir 60,3 % des actions de Teachers', mais il doit acheter la totalité des actions de Teachers' si la Banque TD n'exerce pas son droit de premier refus. S'il exerce son droit de premier refus, Larry Tanenbaum deviendrait propriétaire majoritaire de MLSE, avec un minimum de 60,3 % des actions.

1,5 milliard

Selon le Globe and Mail, Teachers' demanderait 1,5 milliard pour sa participation de 66 % dans MLSE. Il s'agirait d'une prime de 25 % par rapport à la valeur comptable de l'entreprise, qui aurait été évaluée à 1,7 milliard dans sa totalité l'automne dernier.

Larry Tanenbaum, dont la fortune personnelle se chiffrait à 940 millions  en novembre 2009 selon Canadian Business, n'a jamais caché son ambition d'être un jour propriétaire majoritaire des Maple Leafs de Toronto. L'homme d'affaires de 65 ans connaît bien les ambitions sportives de Rogers, avec qui il a collaboré étroitement dans la présentation de matchs de la NFL à Toronto au cours des dernières années.

En décembre dernier, Teachers' avait nié avoir reçu une offre de 1,3 milliard de Rogers pour ses actions de MLSE. Teachers' est actionnaire des Maple Leafs depuis 1994. MLSE possède l'équipe de hockey des Maple Leafs (LNH) et son club-école des Marlies (Ligue américaine), l'équipe de basket des Raptors (NBA), l'équipe de soccer Toronto FC, un producteur de spectacles et trois amphithéâtres dont l'Air Canada Center.

Si Teachers' vend ses actions de MLSE, ce sera la plus importante transaction de l'industrie du sport au pays. En 2009, George Gillett avait vendu le Canadien de Montréal, le Centre Bell et son entreprise de production de spectacles pour 575 millions. Il avait mandaté la Banque de Montréal pour trouver des acheteurs en mars et avait accepté l'offre du consortium de la famille Molson en juin. La transaction avait été finalisée et approuvée par la LNH en décembre.