Après deux ans de déclin, le capital-risque disponible pour financer les nouvelles inventions a connu sa première hausse en 2010 au Canada. Et c'est du côté de l'Ontario qu'il faut regarder pour expliquer ce retour: les investissements y ont bondi de 43% après une dégringolade de 48% en 2009.

Selon les chiffres de Thomson Reuters, il s'est dépensé 1,1 milliard de dollars en capital-risque pour soutenir l'innovation au Canada, une hausse de 10% par rapport à 2009.

Le Québec a connu quant à lui une baisse de 10% en 2010, une situation qui est cependant loin d'être dramatique aux yeux des observateurs. «Il y a quand même une bonne activité chez nous. Il faut garder en tête que le Québec avait été le seul à voir ses investissements augmenter en 2009, alors qu'ils chutaient ailleurs au Canada et aux États-Unis», rappelle Geneviève Morin, coprésidente de Réseau Capital, l'association du capital-risque québécois.

Selon elle, il faut aussi voir d'un bon oeil le retour des investissements en Ontario.

«Ça fait des coinvestisseurs pour les Québécois. Et les fonds ontariens investissent souvent dans les entreprises québécoises», dit Mme Morin.

Au Québec, c'est le secteur des technologies de l'information qui a remporté la part du lion en 2010 avec 31% des investissements. Suivent les secteurs non technologiques, toujours très forts au Québec, puis les sciences de la vie.

Les technologies propres

«Il y a une incroyable percée du secteur des technologies propres», observe aussi Mme Morin. Cette industrie en plein boom a accaparé 16% des investissements en 2010, comparativement à 5% l'année précédente.

C'est d'ailleurs Enerkem, entreprise québécoise des technos vertes, qui a reçu l'investissement le plus important de l'année au Canada, avec 53,8 millions de dollars.

Les entreprises en prédémarrage ont été complètement laissées pour compte en 2010: une seule entreprise est parvenue à obtenir du financement. Mme Morin croit que les trois fonds d'amorçage annoncés l'an dernier par Québec permettront de redresser la barre dès cette année.

Autre fait inquiétant: les fonds de capital-risque canadiens ont de la difficulté à se renflouer, ce qui laisse présager qu'ils devront diminuer leurs investissements à l'avenir. Ils n'ont récolté que 819 millions l'an dernier, la somme la plus basse depuis 16 ans.

Aide du gouvernement

Les fonds québécois s'en tirent toutefois mieux que les autres et ont récolté 42% de tout l'argent frais canadien.

«Le fait qu'il y a des initiatives gouvernementales, dont Teralys (un «fonds de fonds» destiné à renflouer les fonds de capital-risque) permet au Québec de mieux s'en tirer», observe Mme Morin.

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CAPITAL-RISQUE: LES PLUS IMPORTANTS FINANCEMENTS AU QUÉBEC EN 2010

- Enerkem (technologies propres) : 53,8 millions

- Accedian Networks (technologies de l'information) : 20,5 millions

- Gemin X Pharmaceuticals (biotechnologies) : 16 millions

- Vantrix Corporation (technologies de l'information) : 14,3 millions

- AEterna Zentaris (biotechnologies) : 12,2 millions

- Beyond the Rack (commerce en ligne) : 12 millions

- Medicago (biotechnologies) : 10 millions

- Alethia Biotherapeutics (biotechnologies) : 9,6 millions

- Bellus Santé (biotechnologies) : 5,1 millions

- VM6 Software (technologies de l'information) : 4,2 millions