La Chine a accepté d'ouvrir son marché aux produits dérivés de la chasse canadienne de phoques, selon la ministre des Pêches du Canada, Gail Shea, disant espérer que ces nouveaux débouchés viennent pallier l'embargo imposé par l'Union européenne (UE).

Ottawa et Pékin ont conclu «une entente bilatérale (...) qui va permettre d'exporter en Chine des produits comestibles du phoque, tels que la viande et l'huile», a déclaré la ministre, en visite en Chine, lors d'une conférence de presse téléphonique.

L'entente doit être paraphée jeudi lors d'une cérémonie officielle, a-t-elle précisé, soulignant qu'en vertu de cet accord le Canada devenait «le seul pays autorisé à exporter des produits comestibles de phoque en Chine».

Ottawa espère ainsi compenser les pertes subies par cette industrie depuis que l'UE a imposé en juillet 2009 un embargo unilatéral sur les produits dérivés de la chasse aux phoques, sous la pression de défenseurs des animaux qui dénonçaient la «cruauté» des chasseurs.

Quelque 6.000 Canadiens vivent de cette chasse qui ne génère que de faibles revenus, évalués avant l'embargo à 10 millions de dollars par an, dont 25% provenaient des ventes en Europe, selon les chiffres du gouvernement canadien.

«Maintenant que nous avons accès à un nouveau et très grand marché, (...) espérons que l'industrie puisse retrouver son lustre d'antan», a fait valoir Mme Shea, disant s'attendre à ce que les exportations vers la Chine «augmentent lentement».

La Chine constitue le troisième marché d'exportation des produits halieutiques du Canada, avec des exportations annuelles évaluées par Ottawa à plus de 300 millions de dollars.

Aussitôt, les groupes de défense des animaux sont tombés à bras raccourcis sur Pékin et Ottawa. «Par cette entente bilatérale, le Canada ouvrira-t-il ainsi, en retour, son marché à la viande de chien?», a réagi dans un courriel à l'AFP la Fondation Brigitte Bardot, jugeant cet accord «indigne».

La directrice canadienne de l'ONG Humane Society International a pour sa part assuré que les Chinois «ne laisseront jamais la cruauté de la chasse commerciale aux phoques se diffuser dans leur pays».

«Il n'y a aucun avenir en Chine pour l'industrie de la chasse canadienne aux phoques», a asséné dans un communiqué Rebecca Aldworth.