La reprise économique se faisant de plus en plus timide, le ministre des Finances, Jim Flaherty, n'exclut pas de reporter au-delà de 2016 la date à laquelle le gouvernement fédéral éliminera son déficit.

«Devrions-nous équilibrer notre budget plus tôt que le plan actuel, qui (vise l'exercice) 2015-2016? L'échéance devrait-elle être repoussée plus loin?» a demandé M. Flaherty vendredi, lors d'un point de presse à Montréal.

Le ministre a indiqué qu'il allait écouter ce que les Canadiens ont à dire sur la question au cours des consultations pré-budgétaires, qui viennent de débuter.

Outre la situation économique en général, M. Flaherty n'a pas précisé ce qui serait susceptible de le convaincre de repousser l'échéance au-delà de 2015-2016.

Le politicien s'est cependant fait plus volubile sur le scénario plus optimiste, c'est-à-dire un retour à l'équilibre budgétaire plus tôt que prévu.

«Cela nécessiterait des mesures et de nouvelles contraintes en matière de dépenses, alors nous devons examiner cela avec précaution», a-t-il affirmé.

L'opposition réagit

Les partis d'opposition n'ont pas tardé à réagir à cette ambivalence des conservateurs.

«M. Flaherty n'a pas respecté une seule de ses projections fiscales depuis 2006, a lancé le député libéral Ralph Goodale à Ottawa. (...) Encore hier (jeudi), il disait qu'il était en voie d'équilibrer son budget en 2015 et tout à coup, 24 heures plus tard, eh bien ce sera peut-être 2016, 2017 ou 2018. (...) Leur promesse d'équilibrer le budget d'ici 2015 était une création de leur imagination.»

Le député néo-démocrate Joe Comartin s'est montré beaucoup moins incisif, estimant fort possible la persistance d'un déficit au-delà de 2015-2016, compte tenu de la possibilité qu'une autre récession frappe le Canada entre-temps.

De son côté, Pierre Paquette, du Bloc québécois, a avancé que les conservateurs étaient en train de mettre la table pour un budget sans compressions ni hausses d'impôt, l'hiver prochain, de façon à pouvoir démarrer une éventuelle campagne électorale du bon pied.

Le mois dernier, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a mis en doute la capacité d'Ottawa de respecter son objectif de mettre fin aux déficits en 2015-2016.

Vendredi, M. Flaherty s'est moqué de ce pronostic, allant jusqu'à accuser l'officier du Parlement de manquer de crédibilité. En août, a-t-il rappelé, M. Page estimait qu'Ottawa serait en mesure de respecter son échéancier.

Le ministre a également prétendu que l'analyse critique du plan de relance fédéral réalisée cet été par M. Page et son équipe était anecdotique, puisqu'elle ne s'appuyait pas sur des études sérieuses.

Le point de presse de M. Flaherty, tenu au théâtre Les deux mondes, à Montréal, visait à confirmer le report de la date limite pour la fin des travaux d'infrastructure financés par le plan de relance fédéral.

Les municipalités et les promoteurs privés auront désormais jusqu'au 31 octobre 2011 pour terminer leurs projets. La date butoir avait d'abord été fixée au 31 mars.