Le retrait du premier appel public à l'épargne (PAPE) de TransAxio est davantage causé par son prix élevé que par les conditions défavorables du marché, croient plusieurs observateurs.

«Les gestionnaires trouvaient l'action de TransAxio un peu chère et le rendement du dividende aurait dû être plus élevé», dit Pierre Bernard, gestionnaire de portefeuille chez Industrielle Alliance.

SNC-Lavalin [[|ticker sym='T.SNC'|]] a annoncé hier qu'elle abandonnait l'émission d'actions de TransAxio, société nouvellement créée qui aurait détenu une participation minoritaire indirecte de 7,65% dans l'autoroute 407, dans la région de Toronto.

En parallèle, la société d'ingénierie a indiqué qu'elle n'exercera pas son droit prioritaire de préemption (premier refus) sur l'offre d'achat de l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada de 894 millions de dollars pour un bloc de 10% des actions de la 407 mis en vente par Cintra.

Dans son communiqué, SNC-Lavalin a cité «des conditions défavorables du marché» pour expliquer sa volte-face.

Bloomberg a recensé l'annulation de 11 PAPE au Canada en 2010, dont celui de la compagnie aérienne Porter.

«Habituellement, quand une entreprise parle de conditions défavorables, c'est qu'elle n'a pas de demande au prix qu'elle exige», fait remarquer Neil Linsdell, vice-président et analyste chez Versant Partners.

SNC-Lavalin a refuse de faire des commentaires, renvoyant les journalistes à son communiqué. «Je ne pense pas que c'est à cause des conditions de marché, avance un observateur du marché qui ne veut pas être identifié. Le marché se comporte bien aujourd'hui. Il s'est fait énormément d'émission de débentures avec des coupons de 6,5% ou 7% depuis le début de l'année.»

«TransAxio donnait 2 ou 3% de dividende. Il y avait plusieurs solutions de remplacement dans le secteur des services publics. Par exemple, est-ce que nous aurions vendu du Enbridge pour acheter du TransAxio aux conditions qui nous étaient proposées? Non», dit ce même analyste.

Une décision surprenante

La nouvelle a surpris Yarith Chhiv, gestionnaire de portefeuille chez Gestion Palos. «On avait eu vent que l'émission s'écoulait mal, mais on pensait que SNC allait racheter la portion qui ne trouvait pas preneur.»

L'événement ne change toutefois pas son analyse de l'action de SNC. «On aime SNC pas seulement pour la 407, mais parce que c'est une bonne entreprise, très bien gérée. Pierre Duhaime est excellent comme président», dit le gestionnaire.

«C'est décevant, mais ça ne change rien pour SNC, qui garde ses participations et ses contrats avec la 407», dit de son côté l'analyste Neil Linsdell. Il déplore néanmoins la perte d'un indicateur indépendant à propos de la valeur marchande de l'autoroute 407, rôle qu'aurait joué TransAxio.

Hier, à la Bourse de Toronto, la valeur de l'action de SNC a reculé de 1,10%, à 51,93$.

Rappelons que SNC a décroché cette semaine deux contrats d'une valeur totale de près de 1 milliard: un en Libye en approvisionnement en eau et le second en Colombie-Britannique concernant la construction d'une centrale hydroélectrique.

Le régime de pensions du Canada va de l'avant

Dans une déclaration écrite, l'Office d'investissement du RPC se réjouit de voir que son offre d'achat à Cintra suivra finalement son cours.

L'autoroute 407 appartient à un consortium formé de SNC-Lavalin (16,77%), Intoll (30%) et Cintra (53,23%). L'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada a également offert 3,44 milliards pour acquérir la participation d'Intoll.

Le RPC détiendra donc prochainement 40% de l'infrastructure routière, Cintra chute à 43,23% et SNC reste à 16,77%.