Malgré les problèmes de santé de son épouse qu'il a invoqués devant la justice pour pouvoir retourner dans sa résidence de Toronto pendant sa liberté conditionnelle, Conrad Black devra rester aux États-Unis, du moins pour l'instant.

L'ancien magnat de la presse, qui semblait plus maigre qu'avant son emprisonnement, a comparu, vendredi, à Chicago, devant la même juge qui l'avait condamné pour fraude et entrave à la justice en 2007.

Tandis que l'avocat de son mari expliquait à la juge Amy St. Eve que ses problèmes de santé étaient à l'origine de la demande de permission pour retourner au Canada, Barbara Amiel Black était assise dans la première rangée de la salle de tribunal.

La résidence du couple à Palm Beach subit la chaleur accablante de la Floride en période estivale, et il ne s'agit pas d'une demeure appropriée compte tenu de l'état de santé de Mme Black, a fait valoir Me Miguel Estrada.

Mais la juge St. Eve a décidé qu'elle avait besoin de davantage d'informations sur la situation financière de M. Black, âgé de 65 ans, avant d'envisager de permettre à l'ancien magnat de la presse de retourner à Toronto.

La magistrate a ordonné à Black de comparaître de nouveau le 16 août et demandé à Me Estrada de lui fournir plus d'informations, faisant valoir qu'il existait trop d'incertitudes au sujet des finances personnelles de son client.

Un peu plus tôt cette semaine, la juge St. Eve avait interdit à Conrad Black de quitter les États-Unis en attendant qu'elle étudie de près une déclaration sous serment déposée par l'ex-magnat de la presse concernant sa situation financière personnelle.

Vendredi, elle a estimé que certains des passages du document étaient sujets à diverses interprétations.

«Je ne veux pas que cette cause se déroule de manière précipitée (...), a fait valoir la juge à Me Estrada. J'ai besoin d'informations supplémentaires (...) pour prendre une décision en tout état de connaissance.»

De son côté, la poursuite, représentée par l'avocate Julie Porter, a soutenu que Conrad Black devrait demeurer aux États-Unis en attendant que la cour d'appel décide si le verdict de culpabilité pour fraude prononcé en 2007 contre l'ancien magnat de la presse doit être renversé.

Black a été déclaré coupable d'avoir fraudé Hollinger International pour plus de 6 millions $ US.

Un peu plus tôt cette semaine, une cour d'appel américaine a accédé à la requête de libération sous cautionnement déposée par Black, après qu'un jugement rendu par la Cour suprême des États-Unis eut réduit l'étendue de l'application de la loi qui avait été invoquée pour le condamner pour fraude. Cette décision ne concerne toutefois pas le verdict de culpabilité pour entrave à la justice.

Les juges de la Cour suprême ont laissé aux tribunaux inférieurs le soin de décider si le verdict de culpabilité pour fraude devrait être renversé. Cette décision pourrait être rendue au cours des prochaines semaines.

Conrad Black fait toujours face à plusieurs poursuites civiles. De plus, l'Internal Revenue Service des États-Unis - l'agence du revenu américaine - a récemment intenté un procès contre lui, affirmant que l'ancien magnat de la presse lui devait 71 millions $ US en impôts non payés.