Le dollar canadien a brièvement renoué mardi avec la parité face à la devise américaine, une première en 20 mois, mais les analystes et les détaillants ont prévenu que les Canadiens ne devraient pas s'attendre à ce que les prix suivent la même tendance dans les magasins.

Stimulé par de solides données économiques fondamentales, le huard a franchi le cap fatidique des 100 cents US en matinée, atteignant 100,12 cents US, avant de retraiter et de passer la plus grande partie de la journée légèrement en deçà de la parité avec le billet vert.

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La devise canadienne a clôturé la séance à 99,88 cents US, en hausse de 0,16 cent US. Elle avait atteint la parité pour la dernière fois en juillet 2008, pendant quelques instants une seule journée.

Ce n'est qu'une question de temps avant que le huard s'établisse de façon durable au-dessus de la frontière de la parité, estiment les économistes. Ils ne s'attendent toutefois pas à ce que le huard rejoigne le sommet de 1,10 $ US atteint en novembre 2007.

«Le Canada est la nouvelle Suisse de la stabilité, mais avec les actifs que le monde désire», a illustré le vice-président des études économiques de Scotia Capitaux, Derek Holt, en référence aux ressources naturelles dont profite le pays, dont le pétrole.

«Nous croyons que le dollar canadien va s'apprécier d'un autre cinq ou six cents d'ici la prochaine année. J'ai le sentiment que nous sommes aux prises avec une devise vigoureuse pour une période de temps prolongée, qui pourrait s'étendre sur plusieurs années.»

Selon Mark Beazley, du Conseil canadien du commerce de détail, la parité exercera inévitablement des pressions sur les détaillants pour que ceux-ci égalent les prix offerts aux États-Unis, que ce soit pour les appareils électroniques ou pour les vêtements.

La comparaison semble facile à faire, a-t-il expliqué, mais la valeur des devises n'est qu'un facteur parmi d'autres lorsque les prix sont établis.

«La taille du Canada est d'un dixième de celle du marché américain, alors les détaillants canadiens n'ont pas les mêmes rabais sur les volumes qu'obtiennent leurs confrères américains, et les coûts de main-d'oeuvre sont plus élevés, les taxes sur l'importation aussi, en plus des exigences uniques sur le bilinguisme des étiquettes (...) et tout cela se retrouve dans le prix des biens», a-t-il expliqué.

Malgré tout, M. Beazley affirme que les détaillants n'auront pas le choix de réduire leurs prix si la devise reste aussi vigoureuse, même si cela ne sera pas fait aussi rapidement ou de façon aussi importante que les Canadiens ne le souhaiteraient.

Les analystes estiment que les ajustements peuvent prendre des mois - comme cela a été le cas la dernière fois que le huard s'est hissé au-dessus du dollar américain, à l'automne 2007.