Le Québec reçoit-il une part équitable des dépenses d'infrastructures du plan de relance du gouvernement fédéral? Des données compilées par La Presse Affaires indiquent que non. La province la moins bien traitée par le fédéral en matière d'infrastructures reste toutefois l'Ontario. La Colombie-Britannique, qui vient d'accueillir les Jeux olympiques, est la province la plus choyée.

Selon le dernier budget Flaherty, le gouvernement du Canada indique avoir déjà alloué 9,97 milliards de dollars à des projets d'infrastructures dans le cadre de son plan de relance économique. De cette somme, 2,11 milliards, soit 21,2% des fonds, ont été alloués à des projets au Québec. Le Québec représente 23,2% de la population et 20,4% de l'économie du Canada. Conclusion: le Québec est sous-financé de 2,0% par rapport à sa population, mais surfinancé de 0,8% par rapport à la taille de son économie.

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L'Ontario a reçu 33,8% (3,37 milliards) des dépenses d'infrastructures du plan de relance fédéral, alors que la province représente 38,7% de la population et 40,3% de l'économie du pays. Ces écarts défavorables de 4,9% et de 6,5% sont de loin les plus importants parmi les provinces. Le Québec arrive au deuxième rang des provinces sous-financées par rapport à leur poids démographique.

À l'inverse, les provinces les mieux traitées par le gouvernement fédéral en matière d'infrastructures sont la Colombie-Britannique (15,7% des fonds comparativement à 13,2% de la population et 12,5% du produit intérieur brut ou PIB) et la Saskatchewan (4,2% des fonds comparativement à 3,1% de la population et 3,2% du PIB). Fait à noter, l'Alberta est au nombre des provinces ayant reçu moins de fonds (10,5%, ou 1,05 milliard) que son poids démographique (10,9%) ou économique (14,1%).

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, n'a pas voulu commenter les chiffres compilés par La Presse Affaires. Son homologue québécois, Raymond Bachand, a aussi préféré réserver ses commentaires.

Le ministre des Infrastructures de l'Ontario n'est pas surpris d'apprendre que sa province est sous-financée en dépenses d'infrastructures par rapport à son poids démocratique et économique. «Nous ne sommes pas sous le choc de constater que nous n'avons pas totalement droit à la part qui nous revient. En même temps, le fédéral a engagé des sommes d'argent très importantes pour des projets d'infrastructures en Ontario», dit le ministre Brad Duguid à La Presse Affaires.

Selon François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins, l'Ontario peut difficilement se plaindre de son sort dans le plan de relance du gouvernement Harper, dont 16 des 47 milliards de dollars sont consacrés aux travaux d'infrastructure. «Le gouvernement a consacré 9,6 des 11,8 milliards de l'aide aux industries à l'industrie automobile, qui est principalement établie en Ontario, dit M. Dupuis. L'Ontario a eu de l'aide ailleurs qu'avec ses infrastructures.»

Le Bloc québécois, qui aurait aimé une répartition des fonds équivalente à celle de la population canadienne, juge la situation inéquitable pour le Québec et l'Ontario. «Le gouvernement est insensible au tissu industriel au Québec et en Ontario. Les provinces de l'Ouest en ont obtenu plus. Les conservateurs servent les gens qui ont voté pour eux», dit le député Daniel Paillé, critique du Bloc en matière de finances publiques.

François Dupuis, du Mouvement Desjardins, ne partage pas les critiques de l'opposition à Ottawa sur l'allocation géographique des fonds d'infrastructures. «Les écarts sont minimes et le gouvernement fédéral ne peut pas arriver avec une répartition exacte de toute façon, dit-il. Il faut aussi voir où sont les besoins et il faut aussi se rappeler que la récession a frappé moins fort au Québec.»

Le ministère fédéral des Finances fait valoir qu'il n'analyse pas ses dépenses d'infrastructures par province, mais bien par projet. Comme le gouvernement fédéral signe aussi des ententes à long terme avec certaines provinces, la somme des dépenses d'infrastructures dans une province est appelée à fluctuer selon les années.