D'une seule voix, les provinces ont appuyé hier la guerre qu'entend livrer Ottawa à la montée du protectionnisme aux États-Unis. Dans une déclaration unanime, publiée hier, le Conseil de la fédération se dit «grandement préoccupé des effets néfastes» du Buy American Act de l'administration Obama.

Selon Jean Charest, les entreprises québécoises n'ont pas à craindre la réciprocité d'accès aux marchés publics, de part et d'autre de la frontière. «On connaît nos travailleurs, nos entreprises, on sait que chaque fois qu'on a ouvert nos marchés, on a été gagnants.» Le protectionnisme, a-t-il ajouté, en point de presse hier, «nous condamne à la médiocrité, à la décroissance de notre économie. Il faut absolument s'ouvrir à l'extérieur, notre croissance économique en dépend», a lancé M. Charest.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre Harper et les leaders provinciaux avaient tenu une téléconférence d'une trentaine de minutes pour arrêter une position commune. Dans sa déclaration hier, le Conseil de la fédération insiste: les dispositions protectionnistes contenues dans le plan de relance de Barack Obama, American Recovery and Reinvestment Act of 2009, «constituent l'antithèse du stimulant économique qu'elles devaient être à l'origine».

Des dispositions similaires se trouvent aussi dans deux autres projets de loi actuellement débattus au Congrès.

Ces dispositions, pour l'instant, précisent que les municipalités et les États américains sont tenus d'utiliser uniquement du fer, de l'acier et des produits manufacturiers américains pour leurs projets d'infrastructures financés par le gouvernement fédéral.

Il s'agit, soulignent les provinces, d'un «obstacle à la bonne marche des chaînes d'approvisionnement intégrées que les entreprises américaines et canadiennes ont développées». Washington «nuira à la prospérité et à la compétitivité des deux économies», de l'avis des provinces.

Appui à Stephen Harper

Les provinces souscrivent aussi, et promettent d'appuyer le projet de Stephen Harper qui revendique que les États-Unis et le Canada ajoutent à leur accord de libre-échange en négociant «un accord de libéralisation des marchés publics qui soit réciproque, de portée large et englobant les mesures des gouvernements fédéraux, provinciaux, territoriaux et des États».

Il s'agit de «garantir un accès mutuellement bénéfique aux marchés» et d'affranchir le Canada des effets négatifs du Buy American Act.

En coulisse à Québec, on indique qu'il n'est pas question «d'ouvrir le traité de libre-échange». On veut «ajouter» à l'entente conclue il y a près de 20 ans. Aussi, les provinces se sont rapidement entendues sur le texte d'appui à Ottawa dans ce dossier. «Personne n'a chiqué de guenille», résume-t-on.

Dès lundi, M. Charest a profité de la Conférence de Montréal pour aborder le sujet avec l'ambassadeur canadien à Washington, Michael Wilson, son ex-collègue du gouvernement Mulroney.

Cette question sera aussi abordée lors de la réunion annuelle du Conseil de la fédération, qui se tiendra en Saskatchewan, en août, sous les auspices du conservateur Brad Wall.