La pression monte sur le géant automobile nippon Toyota, confronté à des critiques de plus en plus acerbes sur ses véhicules défectueux et à la possibilité d'un procès pénal aux Etats-Unis, avant deux auditions clé mardi et mercredi au Congrès américain.

Le patron de Toyota aux Etats-Unis, Jim Lentz, devrait s'excuser devant la Commission à l'énergie et au commerce de la Chambre des représentants, selon le texte de son intervention obtenu à l'avance. «Pour le dire simplement, nous avons mis trop de temps à prendre en compte un rare mais sérieux ensemble de problèmes de sécurité, malgré tous les efforts que nous avons déployés de notre bonne foi, déclare-t-il. Nous reconnaissons ces erreurs, nous nous en excusons et nous avons appris de ces erreurs.»

 

M. Lentz reconnaît que le géant japonais a également «échoué à analyser rapidement les données techniques et à répondre» aux questions soulevées sur la pédale d'accélateur pouvant rester bloquée en position basse, autre problème rencontré dans les véhicules du constructeur japonais. Il attribue une partie de ces problèmes à «une mauvaise communication au sein de l'entreprise, avec les régulateurs et avec les consommateurs».

 

M. Lentz a rappelé que le constructeur avait réparé «près d'un million de véhicules» depuis le début de la crise fin janvier, au rythme de 50 000 voitures par jour. Il assure aussi dans son discours que ces systèmes ne présentent «pas de problème».

 

Le ton des auditions a été donné dès lundi avec la publication par le président de la Commission à l'énergie et au commerce, Henry Waxman, d'une lettre ouverte très critique. M. Waxman affirme que Toyota a systématiquement exclu que des problèmes électroniques puissent avoir causé les problèmes d'accélération soudaine à l'origine de la majorité des rappels. Il a en outre accusé le constructeur de s'être basé sur des rapports d'ingénierie erronés, d'avoir fait des déclarations publiques «trompeuses» et de manquer de cohérence dans ses explications.

 

Nouvelles excuses d'Akio Toyoda

 

Mardi, le PDG de Toyota, Akio Toyoda, a de son côté publié un énième mea culpa dans les colonnes du Wall Street Journal à la veille de son audition à la Commission de surveillance de l'action gouvernementale. «Je reconnais que nous devons faire mieux - beaucoup mieux - pour régler les problèmes de sécurité, a admis le PDG. Ces dernières années, nous n'avons pas écouté aussi attentivement que nous l'aurions dû - ou répondu aussi rapidement que nécessaire - aux craintes des consommateurs.»

 

La presse japonaise s'attendait mardi à ce que M. Toyoda, d'un naturel effacé, se fasse tailler en pièces par les parlementaires américains.

 

Le premier constructeur automobile mondial a dû rappeler depuis l'automne quelque 8,7 millions de véhicules dans le monde, dont son célèbre modèle hybride Prius, en raison de problèmes de pédale d'accélération et de freinage.

 

Le groupe a été fortement critiqué pour la lenteur et la confusion de ses réactions dans cette affaire. Il fait l'objet d'une cascade de recours collectifs aux États-Unis. Si l'on en croit les plaignants, les défauts de ses véhicules auraient provoqué au moins 34 décès sur les routes.

 

Lundi, la cour fédérale du district sud de New York a lancé une enquête criminelle réclamant notamment à Toyota de lui remettre des documents sur ces défauts techniques. Toyota fait aussi l'objet d'une requête similaire de la part de la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur boursier américain.