Le petit constructeur automobile américain Tesla (TSLA) a fait une entrée sur les chapeaux de roue en Bourse mardi, les investisseurs s'enthousiasmant pour ce fabricant de cabriolets électriques prisés de George Clooney, qui n'a pourtant jamais dégagé le moindre profit.

Pour son premier jour de cotation sur le Nasdaq, la Bourse électronique de New York, l'action a démarré en trombe, terminant sur un bond de 40,53% à 23,8$.

Tesla a mis sur le marché 13,3 millions d'actions, représentant au total 226 millions de dollars, dont 200 millions lui reviennent directement.

Le prix d'introduction, 17$, était déjà supérieur aux attentes les plus optimistes de la société.

«Tesla Motors symbolise l'avenir des véhicules motorisés, qui allient style et performance à l'innovation et aux technologies propres», s'est réjoui le vice-président du Nasdaq, Bruce Aust.

La société, créée en 2003, est le premier constructeur automobile à entrer en Bourse aux États-Unis depuis les années 50.

Nommée en hommage à l'inventeur croate Nikola Tesla, pionnier de l'électricité, elle n'a jamais été bénéficiaire, mais sa première création, le cabriolet Tesla Roadster, se veut le seul véhicule tout électrique adapté à l'autoroute. Il peut parcourir près de 400 km en une seule charge.

Tesla prévoit de sortir en 2012 une berline un peu plus économique, qui devrait coûter quelque 50 000$.

«C'est un peu un référendum sur le futur des voitures électriques», estime John O'Dell, du cabinet spécialisé Edmunds.

Mais «c'est plus un vote de confiance dans Tesla et dans la personnalité» de son jeune patron Elon Musk, «que dans la capacité générale des start-up à s'imposer dans l'arène automobile», explique-t-il à l'AFP.

M. Musk, 38 ans, s'est fait un nom dans le monde de la technologie en créant plusieurs sociétés, dont PayPal, revendues au prix fort.

Il est parvenu à donner une image glamour à Tesla: parmi le millier de clients de son Roadster - qui coûte 100.000$ - figurent le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger et l'acteur George Clooney.

«Les gens doivent reconnaître que si nous fabriquions seulement le Roadster, nous serions une société rentable, mais nous sommes en phase d'expansion massive», a assuré M. Musk, plusieurs boutons de chemise ouverts, interviewé en direct à Times Square, à New York, sur la chaîne CNBC.

«Nous sommes en train de multiplier nos volumes par 30 ou 40. C'est impossible d'être rentable avec un tel niveau de croissance», a-t-il indiqué.

Au 31 mars, Tesla avait accumulé 290 millions de dollars de pertes. Et le constructeur a prévenu les investisseurs: il prévoit une augmentation de ses pertes et une baisse de ses ventes, en attendant le lancement de sa berline.

Dans ce contexte, les 200 millions levés en Bourse «représentent une somme dont il a désespérément besoin», note John O'Dell.

Le groupe bénéficie du soutien du géant japonais Toyota, qui a acheté pour 50 millions de dollars d'actions, mais aussi du gouvernement américain. Il a obtenu un prêt à long terme de 465 millions de dollars du département de l'Energie.

Mais pour Douglas McIntyre, du site financier 247wallst.com, Tesla «se positionne sur un marché trop étroit pour réussir», d'autant que les grands constructeurs comme General Motors lancent leurs propres modèles.

«Même avec l'argent de son entrée en Bourse, il ne peut construire que quelques milliers de véhicules. (...) il n'aura pas assez de concessionnaires pour distribuer ses voitures au-delà des grandes villes», a estimé l'analyste.