L'annonce par General Motors de 10 000 suppressions d'emplois chez Opel, soit le même bilan qu'en cas de cession de sa filiale au canadien Magna, divisait jeudi l'Europe, entre indignation en Allemagne, pragmatisme en Grande-Bretagne et optimisme en Pologne.

Jeudi matin sur les quatre sites d'Opel en Allemagne, des milliers de salariés ont manifesté leur désarroi.

La restructuration menée par les Américains «se fera essentiellement au détriment de l'Allemagne et de la Belgique», a tempêté le chef du comité d'entreprise d'Opel, Klaus Franz, devant 10 000 personnes à Rüsselsheim (ouest).

Et de détailler un scénario catastrophe, issu selon lui d'un projet de GM datant de mai, avec trois fermetures d'usines sur quatre sites allemands.

«Le projet de GM n'est pas viable», a-t-il assuré.

Bien plus pondéré, le syndicat britannique Unite a lui indiqué qu'il allait travailler avec GM pour s'assurer que les suppressions de postes envisagées au sein de Vauxhall, marque jumelle d'Opel au Royaume-Uni, se fassent sous la forme de départs volontaires.

«Nous devons voir une décision juste et basée sur des critères commerciaux en ce qui concerne les suppressions d'emplois», a déclaré de son côté le ministre britannique du Commerce, Peter Mandelson.

GM a bien tenté mercredi soir de calmer les esprits en assurant qu'il ne supprimerait pas plus d'emplois que ne l'aurait fait l'équipementier canadien.

Mais derrière ce chiffre de 10 000, près d'un cinquième des effectifs d'Opel/Vauxhall dans toute l'Europe, c'est désormais la répartition des coupes qui fait trembler.

Et surtout en Allemagne, où travaillent quelque 25 000 salariés de la marque à l'éclair.

En cas de reprise par Magna, un scénario fortement encouragé par Berlin au grand dam des autres pays, les quatre usines allemandes d'Opel auraient aussi payé un lourd tribut social, mais chaque site aurait été assuré de survivre, même avec des effectifs réduits. Alors qu'il semble très peu probable que GM fasse l'impasse sur au moins une fermeture.

Selon le plan évoqué par Klaus Franz, GM voulait au printemps fermer les usines de Bochum (ouest) et Eisenach (est), voire celle de Kaiserslautern (ouest).

Seul Rüsselsheim, où se trouve le centre de recherche et développement, en quelque sorte le cerveau d'Opel/Vauxhall, semble assuré de survivre.

Le vice-président de GM John Smith assurait toutefois mercredi que le constructeur de Detroit allait «rafraîchir» son plan de restructuration.

L'agitation allemande contraste non seulement avec le flegme britannique, mais aussi avec le ton entendu en Espagne et en Pologne.

Les journaux espagnols se montraient jeudi plutôt optimistes pour les travailleurs, affirmant que l'usine espagnole de «Figueruelas espère sortir renforcée du nouveau plan de GM pour Opel» (ABC), que «Figueruelas gagne avec GM» (El Mundo).

Le ministre polonais de l'Économie Waldemar Pawlak a lui jugé que la décision de General Motors était avantageuse pour l'usine Opel à Gliwice (sud) qui emploie 2500 personnes.

Même son de cloche du côté des syndicats qui se déclarent «modérément optimistes».

En Belgique, autre pays concerné, l'heure est à la résignation: qu'Opel/Vauxhall soit vendu ou reste dans le giron américain, l'usine d'Anvers était dans tous les cas condamnée.