Au moment où Zenn Motor annonce qu'il cessera d'assembler ses petits véhicules électriques à Saint-Jérôme, l'industrie demande au gouvernement fédéral de faire des «investissements importants» afin de positionner le Canada dans ce créneau industriel.

Selon Mobilité électrique Canada, regroupement d'entreprises et de chercheurs du secteur, plus d'un demi-million de véhicules électriques rouleront sur les routes du pays d'ici 2018. Le groupe est catégorique: la proportion de contenu canadien dans ces véhicules sera plus importante que dans nos bonnes vieilles voitures à essence. Mais il faut que le gouvernement fédéral bouge, entre autres en incitant les consommateurs à choisir ces nouveaux véhicules.

«Il y a de grands programmes aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Japon, partout. Il est temps que le Canada se rattrape», a lancé hier à La Presse Affaires Al Cormier, directeur général de Mobilité électrique Canada, spécifiant que plusieurs provinces ont, elles, annoncé des mesures d'encouragement pour les consommateurs qui achètent des véhicules électriques.

«Le fédéral a beaucoup de programmes qui aident à la recherche et à la commercialisation de nouveaux produits, a ajouté M. Cormier. Mais pour les acheteurs, il manque quelque chose.»

Le groupe a profité de la conférence internationale sur les véhicules électriques et hybrides qui se déroule à Montréal cette semaine pour proposer une «feuille de route» destinée à s'assurer que le Canada prenne sa place dans cette industrie qu'on promet en plein essor.

Au menu: investir dès maintenant dans les technologies et dans un réseau pour recharger les voitures, faire le ménage dans la réglementation pour s'assurer que le pays puisse développer son industrie sans anicroche et former les ingénieurs, chercheurs et mécaniciens pour qu'ils comprennent bien les nouvelles technologies.

Les acteurs de l'industrie interviewés par La Presse Affaires affirment qu'il faut oublier le rêve de la voiture électrique entièrement fabriquée au Québec qui viendrait concurrencer les grands constructeurs américains ou asiatiques.

«C'est un grand mythe», dit Pierre Lavallée, directeur principal du Centre national du transport avancé et porte-parole de la conférence qui se déroule actuellement à Montréal.

«L'important, ce sont les pièces et composantes qui pourront être fabriquées par diverses entreprises au Québec», renchérit M. Cormier, qui souligne aussi que de «grandes opportunités» se dessineront dans la conversion de vieux véhicules à essence en véhicules électriques.

C'est exactement dans cet esprit que Zenn Motor, de Toronto, a annoncé la semaine dernière qu'elle cessera d'assembler ses petits véhicules électriques à basse vitesse à Saint-Jérôme pour se concentrer sur la fabrication de transmissions électriques. À moins que l'entreprise ne trouve un autre usage aux installations de Saint-Jérôme, qui emploient 15 personnes, celles-ci fermeront donc en 2010.

«Nous en sommes venus à la conclusion qu'il serait mieux d'approvisionner tous les grands manufacturiers automobiles avec notre transmission plutôt que de devenir un manufacturier nous-mêmes», a expliqué hier Catherine Scrimgeour, directrice des affaires publiques de Zenn.

L'entreprise cherche actuellement un endroit pour installer son nouveau centre de R&D, mais Mme Scrimgeour a confirmé hier que le Québec ne figure pas dans les plans. Le choix se ferait plutôt entre le Michigan et l'Ontario.

Pour Pierre Lavallée, du Centre national de transport avancé, la nouvelle est loin d'être un électrochoc. «On a souvent décrit la Zenn comme l'embryon d'une industrie de la voiture électrique au Québec, alors que ce n'est pas le cas. On parle d'un véhicule à basse vitesse - un petit produit dans une petite industrie qui a certes sa pertinence, mais sans plus», dit-il.