La justice devait se prononcer vendredi sur un plan prévoyant la vente des actifs sains du constructeur automobile Chrysler à un consortium structuré autour de l'italien Fiat, qui pourrait servir de scénario pour gérer la faillite, beaucoup plus complexe, de General Motors.

Au troisième jour d'audience, un verdict était espéré dans la journée par plusieurs sources judiciaires présentes au tribunal des faillites de New York.

Depuis mercredi, les débats ont été alimentés par les récriminations des parties prenantes s'estimant lésées dans le plan de sortie de faillite: créanciers, concessionnaires, équipementiers, et fonds de retraite.

Tous ont la ferme intention de se faire entendre dans ce dossier et ne pas laisser le juge entériner purement et simplement le plan soutenu par l'administration Obama, qui souhaite un redressement judiciaire «chirurgical» et rapide.

Vendredi en matinée, de nouveaux témoins étaient encore appelés à la barre, mais le juge Arthur Gonzalez a manifesté son souhait d'avancer vite. Une décision était initialement anticipée mercredi.

Selon une source judiciaire suivant les débats au tribunal, les plaidoiries devant faire suite à ces témoignages devraient être «relativement rapides, avec une décision du juge dans la foulée».

La veille, l'un des principaux témoins entendus, le PDG de Chrysler Robert Nardelli, a indiqué tabler sur une décision favorable ce vendredi.

Si ce scénario devait se réaliser, cela signifierait un redressement judiciaire mené tambour battant, puisque le troisième constructeur automobile du pays a déposé le bilan, le 30 avril.

Plusieurs observateurs y voient déjà un précédent encourageant pour l'autre grand constructeur en détresse, General Motors, qui devrait suivre -peut-être dès lundi- la même voie que Chrysler en déposant son bilan.

Le plan de sortie de faillite de Chrysler prévoit l'émergence d'un «nouveau» Chrysler, à l'actionnariat fondamentalement remanié, d'où disparaîtrait l'actuel propriétaire, le fonds d'investissement Cerberus.

La nouvelle entité doit être dégraissée, recentrée autour des actifs les plus solides de l'actuel Chrysler, la justice ayant la charge de liquider les actifs restants.

Le «nouveau» Chrysler doit être aux mains d'un consortium détenu dans un premier temps à 20% par Fiat (qui a une option pour monter jusqu'à 35% à terme), à 55% par un fonds géré par le syndicat automobile UAW et à 10% par les gouvernements américain et canadien. Les créanciers recevront 2 milliards de dollars, permettant une réduction des deux tiers de la dette du groupe.

GM a de son côté en projet un montage financier qui changerait fondamentalement la donne pour cette icône de l'automobile américaine: faute de partenaire privé assez solide, le futur GM sera détenu à 72,5% par l'Etat, les créanciers et le syndicat de l'automobile UAW se partageant le solde.

En cas d'aval de la justice au plan Chrysler, la sortie du processus de faillite serait une question de jours. Selon le gouvernement américain, un redressement judiciaire chez GM, même mené à toute vitesse, prendrait plus de temps au vu de la complexité accrue du dossier, entre 60 et 90 jours.

Reste que des appels ne sont pas impossibles pour Chrysler: en particulier, les concessionnaires ayant vocation à être liquidés, représentant le quart du réseau du constructeur, souhaitent des indemnités.

Certains créanciers du groupe -des détenteurs d'obligations, mais aussi des équipementiers à qui Chrysler doit 5 milliards de dollars- pourraient également contester les modalités du plan.