Un dépôt de bilan de General Motors apparaissait inéluctable mercredi après l'annonce de l'échec de la restructuration de sa dette obligataire, qui a recueilli une adhésion des créanciers «substantiellement moindre» que le montant visé.

Le numéro un américain de l'automobile s'était fixé pour objectif d'obtenir l'accord de 90% de ses porteurs de dette obligataire non garantie.

GM proposait à ces créanciers de convertir leurs titres en actions du groupe. Dans le schéma initialement présenté, ces derniers devaient recevoir 10% du capital du constructeur, ce qui avait poussé leurs représentants à se juger mal traités par rapport à d'autres parties prenantes.

L'offre n'ayant pas reçu l'accueil escompté, elle ne sera pas menée à son terme, a indiqué le groupe dans un communiqué.

Le conseil d'administration de GM va se réunir «plus tard dans la semaine» pour discuter des mesures à prendre à la lueur de l'échec de son offre, a indiqué Tom Wilkinson, un porte-parole du groupe, sans vouloir préciser si la possibilité d'un dépôt de bilan sera discutée à cette occasion.

La restructuration de 27,2 milliards de dette non garantie était l'une des conditions posée par le Trésor américain pour éviter la faillite au constructeur. L'échéance pour ce faire reste fixée au 1er juin.

Selon une source proche du dossier, l'échec de l'offre avait été anticipée à Washington. «Ce n'est pas une chose qui fait peur au gouvernement», indiquait-on dès mardi en prenant acte du peu d'intérêt des créanciers obligataires et du probable dépôt de bilan du constructeur qui devrait suivre.

En raison de la sévère cure d'amaigrissement suivie par le groupe de Détroit ces dernières années, une faillite de GM ne serait que la quatrième en importance dans l'histoire récente des États-Unis. Avec 91 milliards de dollars d'actifs fin 2008 (149 milliards fin 2007), le groupe viendrait après la banque d'affaires Lehman Brothers (septembre 2008, 691 milliards d'actifs), la banque Washington Mutual (septembre 2008, 328 milliards d'actifs) et le groupe de télécommunications WorldCom (juillet 2002, 104 milliards d'actifs).

Initialement, à l'issue de l'opération, le capital du «nouveau» GM devait être détenu à 10% par les créanciers, contre 39% pour un fonds géré par le syndicat de l'automobile UAW et plus de 50% pour l'Etat fédéral.

Mais devant le côté inéluctable de la faillite, un nouveau schéma a été mis en place sous l'impulsion du Trésor. Finalement, la part revenant au syndicat ne s'élèverait plus qu'à 17,5% (et potentiellement 20%), la différence s'expliquant par l'apport à l'UAW de 9 milliards de dollars en titres de dette, offrant une plus grande sécurité en matière de rendement.

Selon le quotidien Wall Street Journal, l'Etat fédéral se retrouverait finalement à la tête d'une participation pouvant atteindre 70%, reflétant les sommes colossales qu'il va lui falloir injecter dans le groupe pendant la durée de sa restructuration sous contrôle judiciaire.

L'administration Obama serait prête à injecter jusqu'à 50 milliards dans le premier constructeur automobile du pays, pour éviter une liquidation qui pourrait avoir des conséquences en chaîne sur l'ensemble de l'économie.

Le Trésor avait d'ores et déjà prévenu qu'en cas de dépôt de bilan les actionnaires actuels allaient tout perdre et que les porteurs de titres non garantis pourraient ne recevoir qu'une fraction de leur dû.

L'Etat fédéral ne resterait actionnaire que «pour une très courte période» seulement, et n'entendrait jouer en tout état de cause qu'«un rôle aussi minime que possible», affirmait mardi soir cette source proche du dossier.

Un dépôt de bilan de GM serait beaucoup plus compliqué à gérer que celui de son petit rival Chrysler, pour lequel la procédure pourrait être bouclée en quelques semaines.

GM «est bien plus grand que Chrysler, bien plus complexe et bien plus susceptible d'avoir des retombées négatives pour pratiquement toutes les parties concernées», a relevé Matrin Weiss, de Weiss Research. «C'est une toute autre situation quand vous avez une compagnie aussi géographiquement diversifiée que l'est GM», a noté Rebecca Lindland, analyste automobile chez IHS Global Insight.